Reconstitution 3D du visage de Toutânkhamon

Visage 3D de toutankhamon

Zahi Hawass, grand patron des antiquités égyptiennes, a fait des révélations hier au Caire sur la filiation du jeune pharaon, mort il y a plus de 3 300 ans. Si le père du roi est bien le pharaon hérétique Amenhotep IV, dit Akhenaton, le mystère demeure sur l’identité de sa mère, qui pourrait être… sa propre tante.

Des analyses ADN ont permis d’étudier les gènes de la momie, que Howard Carter et Lord Carnavon ont mise au jour en 1922. Un égyptologue de Montpellier III analyse les savoirs et les inconnues sur la XVIIIe dynastie.

« C’est une belle découverte ». Marc Gabolde ne boude pas son plaisir. Egyptologue à l’Université de Montpellier III (1) – et passionné par Ramsès II depuis Les dix commandements de Cecil B. de Mille qu’il a vu à 8 ans , le chercheur a suivi hier avec un immense intérêt les révélations faites à propos de l’arbre généalogique de Toutankhamon, le mythique pharaon égyptien mort à 19 ans.

Au Caire, Zahi Hawass, le tout-puissant secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, révélait en effet que le jeune roi était bien le fils de son père, Amenhotep IV, le pharaon devenu hérétique monothéiste sous le nom d’Akhenaton. Mais le mystère demeure encore sur l’identité de sa mère qui – les analyses d’ADN l’ont prouvé – n’est pas Nefertiti, la légendaire et bellissime grande épouse royale d’Akhenaton. « Ce n’est pas non plus Kiya, la deuxième épouse secondaire originaire du Kurdistan, précise Marc Gabolde. Il semble que ce soit la propre sœur d’Amenhotep ». Akhenaton a eu quatre sœurs : Satamon, Isis, Merytaton et Nebetâh. Mais « pour l’instant, personne ne sait laquelle est la vraie mère de Toutankhamon ».

Depuis la découverte de sa tombe en 1922 par Howard Carter et Lord Carnavon, Toutankhamon a fait rêver des générations d’humains. Reconstitué en 3D par ordinateur à partir de radiographies, son visage jeune est contrebalancé à l’arrière par un crâne allongé.

« Les mariages consanguins étaient banals à l’époque, explique le chercheur, notamment dans la famille royale entre frères et sœurs, ce qui entraînait de nombreuses malformations génétiques. » Et Marc Gabolde de tracer un portrait du jeune roi réaliste, mais très éloigné d’une l’image d’Epinal : « Certains égyptologues pensent qu’il boitait, au vu des cannes présentes dans sa tombe et d’une stèle le montrant assis alors qu’il tirait à l’arc. Il avait aussi un pied bot. Il est mort non pas assassiné, mais d’une infection généralisée, doublée d’une pathologie osseuse liée à sa consanguinité et du paludisme. »

L’ADN n’a pas encore fini de faire parler les momies : « Il faudrait analyser les restes de Thoutmôsis IV, l’arrière-grand-père de Toutankhamon, ce qui permettrait de trouver de nouvelles relations familiales. » Mais l’égyptologie ne se limite plus à l’histoire officielle : elle tente de retracer la vie quotidienne, la démographie, les voies de communications, les techniques… Un vaste champ de fouilles demeure grand ouvert devant les yeux de Marc Gabolde, fixés sur la frêle silhouette d’un enfant-roi sorti des brumes du temps.
(1) UMR 5140 « Archéologie des sociétés méditerranéennes », équipe « Egypte nilotique et méditerranéenne ».

This photo shows a model of King Tutankhamun based on facial reconstructions from CT scans of King Tutankhamun's mummy

Source : Philippe Dagneaux – Midilibre