Selon une étude de Concordia, les jeunes adultes réagissent plus vite à l’imprévu
Face à un changement soudain, l’expérience donne t elle un avantage aux personnes âgées ou les jeunes s’y font ils plus rapidement? Une nouvelle étude de l’Université Concordia montre que les jeunes adultes réagissent plus vite lorsqu’une tâche routinière est interrompue par un événement inattendu. Publiés dans le Journal of Gerontology, les résultats auront des conséquences pour les enseignants ainsi que pour les aînés dans des situations où la performance est essentielle.
« Lorsque nous exécutons fréquemment la même tâche, nos réactions deviennent automatiques, explique Kevin Trewartha, auteur principal de l’étude, doctorant au Département de psychologie de Concordia et chercheur au Centre de recherche en développement humain. Au volant par exemple, les conducteurs expérimentés passent souvent « en mode de pilotage automatique » et s’en sortent très bien, sauf en cas de situations inattendues. Nous nous sommes donc intéressés à la vitesse de réaction de sujets d’âge différent lorsqu’un imprévu se produit dans l’exécution d’une activité routinière. »
Quelque 40 personnes ont pris part à l’étude : la moitié d’entre elles était âgée de 19 à 36 ans et l’autre, de 60 à 75 ans. Chaque participant devait suivre des repères visuels sur un écran d’ordinateur et appuyer sur les touches correspondantes d’un clavier de piano. Certaines séquences étaient répétées fréquemment, de sorte que les participants s’y attendaient. Par contre, des séquences aléatoires étaient ajoutées par intervalles de manière à créer un enchaînement inattendu.
Réaction des aînés
« Les personnes âgées avaient plus de difficultés à éviter leurs réponses habituelles lorsqu’une séquence imprévue s’affichait à l’écran, explique Kevin Trewartha. Il leur a fallu également plus de temps pour s’adapter. Lorsqu’on leur a demandé à plusieurs reprises de varier leur routine, elles n’ont pas obtenu d’aussi bons résultats que les jeunes adultes. »
L’étude est l’une des premières à utiliser la technique de captation de mouvements en trois dimensions, un procédé employé en cinéma et en animation, afin de préciser le lien entre les changements cognitifs liés à l’âge et l’automatisme. En bref, cette recherche avait pour but de décomposer le temps de réaction des participants avant qu’ils fassent un mouvement et le délai nécessaire à l’exécution de celui-ci. L’expérience a donné des résultats étonnants.
L’équipe de recherche a en effet découvert que les aînés avaient tendance à planifier plus rapidement leurs mouvements, mais à les exécuter plus lentement – peut-être parce qu’ils avaient des doutes sur leurs réactions. Kevin Trewartha et ses collègues prévoient déjà une étude de suivi pour analyser l’activité cérébrale liée à l’exécution de gestes nouveaux et acquis.
Ces résultats donnent à penser que la concentration est encore plus importante pour les personnes âgées que pour les sujets plus jeunes. « Lorsqu’il faut exécuter correctement une tâche donnée, les aînés ont vraisemblablement tout intérêt à le faire dans des conditions où ils peuvent se concentrer, sans subir de distractions », explique Karen Z.H. Li, auteure principale de l’étude, professeure au Département de psychologie de Concordia et chercheuse au Centre de recherche en développement humain.
À propos de l’étude :
L’étude « Movement Kinematics of Prepotent Response Suppression in Aging During Conflict Adaptation », publiée dans le Journal of Gerontology, est signée Kevin M. Trewartha, Virginia B. Penhune et Karen Z.H. Li, de l’Université Concordia.
Partenaires de recherche :
Cette étude a reçu l’appui financier des Instituts de recherche en santé du Canada, du Centre de recherche en développement humain, de la Fondation canadienne pour l’innovation et du Fonds de recherche sur la nature et les technologies.
Sur le Web :
- Article paru dans le Journal of Gerontology : http://psychsocgerontology.oxfordjournals.org/content/early/2010/12/23/geronb.gbq090.full
- Université Concordia : http://www.concordia.ca
- Centre de recherche en développement humain : http://crdh.concordia.ca
Source: Sylvain-Jacques Desjardins – Université Concordia
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