Les aînés appréhenderaient le langage autrement lorsque leurs facultés mentales diminuent
Selon une nouvelle étude parue dans la revue Aging, Neuropsychology, and Cognition, les aînés qui parlent deux langues semblent compenser le déclin de leurs facultés mentales lié au vieillissement en développant différentes stratégies de compréhension du langage.Des chercheurs de l’Université Concordia ont étudié deux groupes d’adultes parfaitement bilingues, âgés de 19 à 35 ans et de 60 à 81 ans, et trouvé d’importantes différences liées à l’âge dans la façon dont le cerveau des participants interprétait le langage écrit.
« Nous voulions savoir si les personnes âgées se fiaient au contexte pour comprendre les homographes interlinguaux, c’est-à-dire les mots dont l’orthographe est la même dans deux langues, mais qui ont des sens différents », explique Shanna Kousaie, auteure principale de l’étude et doctorante au Département de psychologie ainsi qu’au Centre de recherche en développement humain de l’Université.
Le mot « coin » signifie-t-il « angle » ou « monnaie »?
Dans le cadre de l’étude, on a demandé aux sujets de lire trois séquences de lettres. La première séquence indiquait la langue du mot et fournissait un contexte aux lecteurs. La deuxième était un homographe interlingual, par exemple le mot « coin », qui signifie « angle » en français, mais « monnaie » en anglais. La troisième séquence était un mot lié ou non à l’homographe interlingual.
Les réponses neurophysiologiques des sujets à ces séquences de lettres ont été recueillies au moyen d’un électroencéphalographe, un instrument qui enregistre l’activité électrique du cerveau.
Mme Kousaie et Natalie Phillips, co-auteure de l’étude, professeure au Département de psychologie et membre du Centre de recherche en développement humain de Concordia, ont découvert que les aînés traitaient les séquences de lettres différemment, en utilisant davantage le contexte afin de déterminer leur sens.
« À mesure que nous vieillissons, notre mémoire de travail et notre capacité de saisir rapidement les mots diminuent, affirme Mme Phillips. Par conséquent, les personnes âgées utilisent leurs facultés de façon un peu plus stratégique. Il est important de souligner que ces changements liés à l’âge sont normaux et bénins. Les participants ne souffraient d’aucun déficit intellectuel. Au contraire, ils employaient leurs ressources mentales de la meilleure façon en utilisant le contexte pour mieux comprendre le langage. »
Plus de la moitié du monde est bilingue
Ces résultats mettent en lumière la façon dont les adultes bilingues appréhendent le langage. Bien qu’environ 50 pour cent de la population mondiale soit bilingue, une grande partie de la recherche sur les langues jusqu’à présent portait uniquement sur les personnes monolingues.
L’intérêt pour les effets du bilinguisme sur le cerveau pourrait dépasser les frontières universitaires. En effet, il semble que les personnes bilingues disposent d’un avantage cognitif comparativement aux monolingues, car leur cerveau a l’habitude de « manipuler » deux langues depuis nombre d’années. « Notre étude suggère que les adultes bilingues trouvent en vieillissant des stratégies pour compenser l’évolution de leur compréhension du langage », conclut Mme Phillips.
Partenaires de recherche :
L’étude a reçu l’appui des Instituts de recherche en santé et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Liens connexes :
- Étude citée : http://www.informaworld.com/smpp/content~content=a927919047~db=all~jumptype=rss
- Département de psychologie de Concordia : http://psychology.concordia.ca/
- Centre de recherche en développement humain : http://crdh.concordia.ca/
Source: Sylvain-Jacques Desjardins – Université Concordia
Laisser un commentaire