Les enfants privés d’amis peuvent être victimes d’exclusion sociale, voire sombrer dans la spirale de la dépression à l’adolescence. C’est ce que révèle une nouvelle étude menée conjointement par l’Université Concordia, l’Université Florida Atlantic et l’Université du Vermont. En effet, selon un article paru dans la revue Development and Psychopathology, l’amitié constitue une forme de protection contre la tristesse pour la plupart des enfants timides ou renfermés.
« À long terme, le repli sur soi de l’enfant a des effets négatifs persistants, affirme William M. Bukowski, auteur principal de l’étude, professeur de psychologie et directeur du Centre de recherche pour le développement humain de l’Université Concordia. Nous avons ainsi découvert qu’avec le temps, l’enfant renfermé ressent de plus en plus de tristesse et présente un état dépressif croissant. »
L’étude, étalée sur trois ans, s’est intéressée à 130 filles et à 101 garçons de la troisième à la cinquième année du primaire. Les élèves ont d’emblée été invités à évaluer leur timidité ou leur préférence pour la solitude. Par la suite, l’équipe de recherche a mis en évidence que les enfants excluent généralement leurs camarades dépourvus d’aptitudes sociales, jugés trop agressifs ou immatures.
À l’inverse, les enfants entourés d’amis risquent moins de se sentir déprimés. « L’amitié neutralise les effets négatifs persistants du repli sur soi, explique M. Bukowski, qui est également titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en psychologie. En fait, l’amitié favorise la résilience et empêche l’enfant vulnérable d’intérioriser des sentiments tels que l’abattement et l’anxiété. »
Le repli peut avoir des conséquences au-delà du court terme. « C’est l’effet boule de neige : plus le problème d’adaptation persiste, plus il s’aggrave, précise M. Bukowski. L’isolement ou l’exclusion accroît ainsi le sentiment dépressif chez l’enfant, et cette émotion pénible peut s’exacerber à l’adolescence. »
Pour éviter d’être rejetés par leurs pairs, les enfants doivent compter au moins un ami. « Le fait d’avoir un camarade crée souvent une sorte de rempart autour de l’enfant renfermé ou timide, ajoute M. Bukowski. Notre étude confirme l’importance d’appartenir à un cercle d’amis, ces derniers servant de bouclier contre les expériences sociales négatives. »
Partenaires de recherche : Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, la W. T. Grant Foundation et le National Institute of Mental Health et la National Science Foundation.
Renseignements sur l’étude :
Rédigé par M. William M. Bukowski de l’Université Concordia (Canada), M. Brett Laursen de l’Université Florida Atlantic (États-Unis) et Mme Betsy Hoza de l’Université du Vermont (États-Unis), l’article « The snowball effect: Friendship moderates escalations in depressed affect among avoidant and excluded children » est paru dans la revue Development and Psychopathology.
Sur le Web :
Article cité de la revue Development and Psychopathology :
http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=7909551
Département de psychologie de Concordia :
http://psychology.concordia.ca
Centre de recherche pour le développement humain de Concordia :
http://crdh.concordia.ca
Source: Université Concordia
Laisser un commentaire