Selon une étude de Concordia, l’amitié atténue l’impact des mauvaises expériences
Si la chanson Les copains d’abord traite admirablement de franche camaraderie, une récente recherche de l’Université Concordia prouve cependant que le concept va au-delà de ce refrain populaire. En effet, un entourage amical apporte de réels bienfaits, tant sur le plan moral que physique.
Ainsi, d’après une étude effectuée dernièrement à Concordia – en collaboration avec des chercheurs du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center et de l’Université du Nebraska à Omaha – et publiée dans la revue Developmental Psychology, l’enfant qui traverse des moments difficiles profite systématiquement de la présence de son meilleur ami. C’est que l’estime de soi et le taux de cortisol, une hormone que produisent naturellement les glandes surrénales en réaction au stress, dépendent beaucoup du contexte social de l’expérience négative.
« La présence d’un bon copain exerce un effet psychologique et physiologique immédiat sur l’enfant vivant une situation désagréable », soutient William M. Bukowski, coauteur de l’étude, professeur de psychologie et directeur du Centre de recherche en développement humain de l’Université Concordia. « À preuve, nous avons constaté une hausse notable du taux de cortisol de même qu’une baisse de l’estime de soi chez l’enfant qui assume seul une dispute avec un camarade de classe ou une réprimande de son professeur. »
Au total, 55 garçons et 48 filles des cinquième et sixième années du primaire ont participé à l’étude. Fréquentant diverses écoles de Montréal, ils ont noté dans un journal leurs expériences et leurs sentiments durant quatre jours. En outre, ils se sont régulièrement soumis à des prélèvements de salive visant à mesurer leur taux de cortisol.
Bien que des travaux antérieurs aient indiqué que l’amitié pouvait protéger l’enfant contre d’éventuelles difficultés d’adaptation, la présente étude innove puisqu’elle démontre de façon absolue que l’enfant aux prises avec une situation pénible bénéficie instantanément de la simple présence d’un ami.
Les résultats obtenus ont une portée considérable. « Les réactions physiques et psychologiques aux expériences négatives vécues dans l’enfance se répercutent à l’âge adulte, explique M. Bukowski. La sécrétion excessive de cortisol peut d’ailleurs entraîner d’importantes modifications physiologiques comme l’immunosuppression ou un déficit de l’ostéogenèse. De même, un niveau de stress élevé peut ralentir le développement de l’enfant. » En ce qui a trait à l’estime de soi, le professeur précise que « l’identité de l’être humain se forge autour de ce qu’il apprend sur lui-même dans son jeune âge. S’il développe alors une faible estime de soi, son image personnelle en sera directement affectée à l’âge adulte. »
Enfin, l’étude vient étayer une recherche menée précédemment à Concordia, qui concluait qu’une pluralité d’amitiés « vaccine » contre les conséquences néfastes des différents types d’agression, notamment l’intimidation et l’exclusion.
Source : Cléa Desjardins – Université Concordia
Laisser un commentaire