Une étude de Concordia démontre l’encadrement moral des entraîneurs dans les sports de compétition
Les incartades éthiques de certaines étoiles du sport, largement relayées par les médias, ne manquent pas de soulever des questions d’ordre moral dans le milieu. Si les entraîneurs aident leurs poulains à atteindre leur meilleur niveau, peuvent-ils également leur apprendre à faire des choix éthiques?
Une nouvelle recherche de l’Université Concordia examine l’influence morale des entraîneurs sur les sportifs et la réaction de ces derniers à cet égard. Elle a été conduite auprès de 17 entraîneurs d’élite, eux-mêmes anciens sportifs.
Preuves à l’appui, l’étude démontre l’importance de l’encadrement moral des entraîneurs. « Ils ont une relation privilégiée avec les athlètes », explique Sandra Peláez, qui a réalisé cette étude dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’École des études supérieures ainsi qu’au Département des sciences de l’exercice de l’Université Concordia.
« Les entraîneurs jouent à la fois le rôle de mentor, de figure parentale, de préparateur à la carrière et de juge, poursuit la chercheuse. Cependant, ils n’influencent pas tous les sportifs avec lesquels ils travaillent. C’est la relation entraîneur-sportif qui détermine essentiellement le poids de cette influence. Nous avons découvert que les sportifs commencent par jauger leur relation avec l’entraîneur, puis décident d’accepter ou non qu’il les encadre moralement. »
Être bon joueur ou être sur la touche
L’étude révèle que les sportifs, comme la plupart des gens, possèdent déjà certaines valeurs transmises par leurs parents. Toutefois, plus ils s’investissent dans une discipline sportive, plus ils font de leur entraîneur la source première de leur direction morale. Peut-être parce qu’ils les admirent et leur font confiance. Peut-être aussi parce que les entraîneurs disposent d’un pouvoir non négligeable pour leur inculquer leurs propres normes, ne serait-ce qu’en reléguant les récalcitrants au banc de touche.
Bien que les participants reconnaissent que l’influence morale constitue un aspect important de la relation entraîneur-sportif, ils réussissent mal à définir la moralité. Quatre valeurs centrales émergent de l’étude : « l’investissement dans un sport d’élite » (la discipline), « l’interaction » (le respect), « le plaisir » (l’amour du sport) et « le jeu » (tout faire pour gagner).
Autre facteur déterminant : le bagage culturel de l’entraîneur. L’étude est d’ailleurs la première à attirer l’attention sur ce point : « Une attitude jugée morale dans une culture peut ne pas l’être dans une autre, poursuit Mme Peláez. Dans certains pays d’Europe de l’Est, par exemple, si un athlète de compétition n’est pas en train de s’entraîner, c’est qu’il est sur un lit d’hôpital. Vous serez sanctionné si vous sautez une pratique parce que vous avez l’obligation morale d’être présent au jeu, autant vis-à-vis de votre pays que de vos camarades et de votre entraîneur. »
Des concepts moraux qui se transmettent
L’étude révèle également que les entraîneurs héritent des valeurs morales des entraîneurs qui les ont formés. Ainsi, les participants à l’étude ont abordé la question des valeurs morales à partir du cadre de référence que leur a transmis leur propre entraîneur. Qu’ils imitent ses pratiques ou les critiquent, il demeure qu’ils envisagent la moralité à partir de ce qu’ils ont appris de lui.
« Il est important d’amener les entraîneurs à exprimer comment ils voient leur rôle, comment ils pensent exercer de l’influence », ajoute Simon Bacon, professeur au Département des sciences de l’exercice et directeur de la thèse de Mme Peláez.
« Les résultats de notre étude nous aideront à concevoir des outils qui mettront l’accent sur une conduite plus éthique dans le milieu du sport, poursuit-il. Nombre d’enfants participent à un ou plusieurs sports organisés et passent un temps considérable avec leurs entraîneurs. Comprendre comment ces derniers agissent sur le développement moral des joueurs et contribuent à former leur caractère est important pour la société et ouvre à une autre manière d’enseigner les valeurs morales. »
Renseignements sur l’étude :
The coach as moral influence est le titre de la thèse de doctorat présentée par Sandra Peláez à l’École des études supérieures et au Département des sciences de l’exercice de l’Université Concordia.
Partenaire de recherche :
Cette étude a reçu le soutien du Fonds de recherche sur la société et la culture du Québec.
Liens connexes :
- Université Concordia : www.concordia.ca
- Département des sciences de l’exercice de l’Université Concordia : http://excsci.concordia.ca
- École des études supérieures de l’Université Concordia : http://graduatestudies.concordia.ca
Source: Sylvain-Jacques Desjardins – Université Concordia
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