La première campagne de fouilles qui vient de se terminer dans les carrières Audoin, à Angeac en Charente, confirme que ce site est l’un des plus riches gisements à dinosaures de France. Coordonnée par le Musée d’Angoulême et le laboratoire Géosciences Rennes (CNRS / Université de Rennes 1), elle a impliqué notamment des scientifiques du CNRS et du Muséum national d’Histoire naturelle. Avec plus de 400 ossements mis au jour, ce site surprend par la quantité de ses découvertes mais également par leur qualité de conservation. Il offre une grande diversité de fossiles datant du Crétacé inférieur, il y a 130 millions d’années. Le plus impressionnant est un fémur qui dépasse 2,20 mètres de long et appartiendrait au plus grand sauropode connu en Europe. Chose rare, les paléontologues disposent également de bois fossilisés, de feuilles et de graines qui leur permettront de reconstituer la flore dans lequel vivaient les animaux. Grâce à ces découvertes exceptionnelles, les scientifiques espèrent mieux dépeindre les écosystèmes terrestres du Crétacé inférieur, une époque inédite et peu documentée dans cette partie de l’Europe.
Les restes de dinosaures découverts cet été vous seront présentés samedi 2 octobre à 14h30 dans les carrières Audoin (direction Graves – lieu-dit « Chez Durandeau », après le passage à niveau) à Angeac-Charente (16). Ces découvertes sont encore en place sur le site qui est habituellement immergé sous 2 mètres d’eau. Celui-ci sera exceptionnellement mis à sec samedi prochain. Merci de vous inscrire auprès de Jean-François Tournepiche, conservateur chargé de l’archéologie du musée d’Angoulême (Jftbill@aol.com – 05 45 95 07 69). |
Soupçonné depuis plusieurs années mais seulement découvert en janvier 2010 dans les carrières Audoin, le gisement paléontologique situé à Angeac-Charente, près d’Angoulême, est l’un des plus importants sites à dinosaures de France. Occupant plusieurs centaines de m2, il est constitué de niveaux argileux du Crétacé inférieur enfouis sous les anciennes alluvions quaternaires de la Charente. La première campagne de fouilles a été menée cet été, pendant vingt jours, de fin août à début septembre, par une équipe coordonnée par le Musée d’Angoulême et le laboratoire « Géosciences Rennes » (CNRS / Université de Rennes 1), avec le concours de scientifiques et de techniciens du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CNRS / MNHN), de l’Université de Lyon et du Musée des dinosaures d’Esperaza (Aude).
Des dinosaures herbivores et carnivores mêlés à des restes d’animaux aquatiques
Cette première campagne de fouilles a déjà permis de mettre au jour plus de 400 ossements, dont plus de 200 pièces de grand intérêt. Ces dernières proviennent d’au moins 3 espèces de dinosaures, associés à des restes de deux types de tortues et de trois espèces de crocodiles. Le gisement est d’autant plus exceptionnel que les os sont présents en grand nombre, mais aussi remarquablement bien conservés, suite à leur enfouissement rapide dans les dépôts argileux d’un marécage qui s’étendait sur la région d’Angeac-Charente au cours du Crétacé inférieur.
Les restes les plus impressionnants sont, sans conteste, ceux du plus grand sauropode connu à ce jour en Europe : son fémur, encore en place in situ, dépasse les 2,20 mètres, ce qui suggère un poids d’une quarantaine de tonnes pour environ 35 mètres de long. Les liens parentés de cet herbivore géant restent encore à déterminer, mais son anatomie n’est pas sans rappeler celle d’espèces connues à la même époque en Espagne. La présence de petits dinosaures herbivores est aussi avérée par la découverte d’une dent et de quelques ossements. Le matériel le plus abondant récolté cet été (près de 80% des os exhumés) appartient à un grand dinosaure carnivore (environ 9 mètres de long). Pas moins de 5 individus, jeunes et adultes, ont été comptabilisés d’après le nombre de fémurs retrouvés.
Les dinosaures du Crétacé inférieur sont rares en France et ne sont connus, la plupart du temps, que par des restes fragmentaires. Ainsi seuls trois genres de dinosaures ont été identifiés à ce jour : l’ornithopode Iguanodon et les deux théropodes Genusaurus et Erectopus. Des faunes plus riches et probablement contemporaines du site d’Angeac ont été décrites en Angleterre (en particulier sur l’île de Wight) et en Espagne (dans la Province de Cuenca). Les faunes les plus remarquables de cette époque sont, sans conteste, celles de la Province Liaoning en Chine où ont été décrits les dinosaures carnivores à plumes. Une comparaison avec l’ensemble de ces faunes de dinosaures devra donc être entreprise pour déterminer les affinités et les particularités des dinosaures d’Angeac.
Etudier et analyser ces découvertes, tant les ossements que les végétaux fossilisés, constituent la prochaine étape pour les paléontologues. Ces recherches scientifiques s’accompagnent d’un projet de mise en valeur du site et des travaux qui permettra au public d’assister, durant plusieurs années, à toutes les phases de l’opération, de la fouille au musée.
Source: communiqué de presse du CNRS
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