Face aux risques posés par les poussières volcaniques, les mesures décidées en Europe sont drastiques: pas d’avion dans les airs. Explications.
Le nuage de cendres volcaniques crachées par le volcan Eyjafjöll en Islande a provoqué une paralysie aérienne sans précédent, du jamais vu depuis les attentats de New York en septembre 2001. Si plusieurs aéroports ont été fermés en Europe du Nord, c’est que les autorités de l’aviation civile connaissent bien les risques liés aux nuages de poussières volcaniques pour les avions de ligne.
Il s’agit de particules riches en silice de moins de deux millimètres, aux arêtes tranchantes, qui s’élèvent très haut dans la troposphère et peuvent même atteindre la stratosphère, au-delà de 12 km d’altitude.
Arrêt des réacteurs
Sur un avion, ces poussières ont un effet abrasif, comme du sable, ce qui érode le fuselage et les ailes et rend le pare-brise opaque. Elles peuvent également provoquer un arrêt des réacteurs. Lorsque le mélange de cendres, de particules basaltiques et de vapeur d’eau est aspiré par la soufflante du réacteur, il se retrouve dans le compresseur puis dans la chambre de combustion ou il est chauffé à environ 900°C. Il peut se produire le phénomène suivant: les particules fondent puis se refroidissent au contact de la turbine. Sur les ailettes se forment une pâte vitrifiée de quelques millimètres qui bouchent la sortie de l’air. Un système de sécurité, destiné à éviter une trop forte pression dans le compresseur, fait caler le moteur. L’avion n’a plus de réacteurs.
Avion en chute libre
C’est ce qui est arrivé au vol de la British Airways en 1982 au-dessus de l’Indonésie, à cause de l’éruption du volcan Galungung. Le Boeing 747 qui volait à plus de 12 km d’altitude a chuté et n’a pu faire repartir ses réacteurs qu’au bout de 13 minutes, une fois que les palettes ont pu se débarrasser du dépôt vitrifié (cela dépend de l’épaisseur du dépôt et de sa solidité). Un autre Boeing 747, de la compagnie KLM, a connu une mésaventure identique en 1989 à cause d’un nuage craché par le Mont Redoubt en Alaska.
Le volcan islandais Eyjafjöll, situé sous le glacier Eyjafjallajoekull, est un stratovolcan, catégorie de forme conique, au magma visqueux, généralement associée à des éruptions explosives. Dans le cas de l’Eyjafjöll, la présence d’importantes quantités d’eau facilite la formation de vapeur et d’explosions qui projettent très haut les cendres et les particules basaltiques. Il est très difficile de prédire la durée d’une telle éruption.
L’Islande est à cheval sur les plaques européenne et américaine. Elle est située sur un point chaud du globe, sur la dorsale qui transverse l’Atlantique, à un endroit où le magma remonte des profondeurs.
Voici une vidéo tournée quelques jours après le début de l’éruption de l’Eyjafjöll le 20 mars.
Source: Cécile Dumas – sciencesetavenir.fr
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