Moins d’un an après que les astronautes d’Apollo 11 eurent mis le pied sur la Lune, le voyage d’Apollo 13 n’excitait pas les foules… Jusqu’à ce qu’une explosion secoue le vaisseau et que le commandant Jim Lovell lance son désormais célèbre: «Houston, nous avons un problème.» C’était il y a 40 ans.
Jim Lovell dit ne jamais avoir été superstitieux. La mission Apollo 13 s’est envolée à 13h13, heure de Houston, le 11 avril 1970 (ou 11/04/70, la somme des chiffres 1»1»4»7 donnant 13). La catastrophe s’est produite le 13 avril. Mais évidemment, «l’échec réussi» de la mission Apollo 13 n’a rien à voir avec ces superstitions numériques…
Il y aura 40 ans demain, Jim Lovell, Fred Haise et Jack Swigert ont pris place dans le module de commande Odyssey. Apollo 13 allait devenir la troisième mission américaine, après Apollo 11 en juillet et Apollo 12 en novembre 1969, à se poser sur la Lune.
Après la folie qui a suivi les premiers pas lunaires de Neil Armstrong, l’intérêt de la population pour les missions extraterrestres s’était déjà considérablement émoussé.
Jim Lovell avait fait partie d’Apollo 8, la première à faire le tour de la Lune. Fred Haise, pilote du module lunaire, en était à son premier vol. Jack Swigert, pilote du module de commande, n’avait appris que 72 heures avant le décollage qu’il ferait partie de la mission.
Durant les deux premiers jours, tout allait bien. L’une des plaisanteries favorites de Fred Haise était d’actionner une valve de pressurisation qui produisait un «bang» et faisait sursauter ses coéquipiers. «Chaque fois qu’il le fait, dit Jim Lovell dans les images captées en apesanteur, notre coeur s’arrête de battre.»
Les astronautes voguaient déjà depuis deux jours à plus de 320 000 km de la Terre. Le soir du 13 avril, le centre de commande a demandé à Jack Swigert de faire certaines opérations routinières, dont le brassage des réservoirs d’oxygène.
Et c’est à ce moment que tout a basculé.
L’explosion et le silence
Musique et intensité dramatique en moins, les choses se sont déroulées à peu près comme dans le film Apollo 13, de Ron Howard (1995). Une étincelle a jailli d’un fil mal isolé et a provoqué l’explosion d’un des deux réservoirs d’oxygène. «Et puis, tout est devenu silencieux», se rappelle Jim Lovell, dans une entrevue datant de 1995.
«On s’est tous regardés», poursuit Lovell. Il s’est tourné vers Haise pour savoir si c’était encore une plaisanterie. Il a regardé Swigert, qui n’y comprenait rien. «Et puis, une lumière rouge s’est allumée indiquant qu’on avait perdu une de nos sources électriques.»
«Houston, nous avons un problème», a lancé Swigert. «Ici, Houston, répétez, s’il vous plaît.» «Houston, nous avons un problème», a répété Lovell.
Au sol, le contrôleur de vol Sy Liebergot était désemparé. Son écran lui indiquait qu’Odyssey avait perdu deux de ses trois batteries, qu’un des réservoirs d’oxygène était vide tandis qu’il était en train de perdre l’autre. Il confiera, des années plus tard, ne s’être jamais senti aussi seul qu’à ce moment.
Sur les bandes originales, les voix des astronautes et contrôleurs sont calmes. Les principaux acteurs le confirment: personne n’a paniqué. «On aurait pu se frapper la tête sur les murs pendant 10 minutes, dit Lovell. Mais on aurait été au même point après.»
Sur Terre, coûte que coûte
Non seulement les astronautes n’ont pas été sur la Lune, mais ils n’étaient même pas certains de revenir à la maison. À Houston, l’équipe a décidé de laisser le vaisseau continuer son chemin jusqu’à la Lune pour être renvoyé vers la Terre à la manière d’un lance-pierre. C’était plus long, mais le vaisseau devait rencontrer la Terre sur sa trajectoire.
«Nous ne savions pas si nous allions survivre, dit Lovell. Mais c’était mieux que de devenir un monument du programme spatial et errer pour l’éternité…»
Pour économiser le peu d’énergie, d’air et d’eau qu’il leur restait, les astronautes se sont installés dans le module lunaire. Pendant quatre jours, ils ont enduré un froid de frigo (le chauffage avait été coupé), stocké leur urine dans des sachets, mangé des aliments déshydratés sans eau.
Ils ont dû corriger la trajectoire de leur vaisseau sans instruments d’orientation et construire en catastrophe un adaptateur pour filtrer l’air du module lunaire empoisonné de monoxyde de carbone.
Avec le froid qu’il faisait, personne ne savait si les ordinateurs de bord allaient fonctionner et permettre le retour sur Terre.
Juste avant de perdre le signal audio lors du retour dans l’atmosphère, Jim Lovell a appelé Houston. «Nous voulons vous remercier pour le bon boulot que vous avez fait.» «Nous avons eu beaucoup de plaisir à le faire», a répondu Houston.
Nul ne sait si le bouclier thermique a été endommagé lors de l’explosion. Mais au bout de trois longues minutes d’extinction de signal, Odyssey, suspendu par trois parachutes, est apparu dans le ciel de l’océan Pacifique. L’équipage était sain et sauf.
ET MAINTENANT?
«Je crois que le 40e anniversaire d’Apollo 13 sera son dernier. Probablement aussi le dernier anniversaire des missions Appollo, a récemment déclaré Jim Lovell, aujourd’hui âgé de 82 ans. Je pense qu’il faut regarder vers l’avenir maintenant.» La navette Discovery, actuellement à la Station spatiale internationale, est l’un des derniers vols de navettes américaines. Le président Obama doit d’ailleurs présenter jeudi la nouvelle approche américaine pour l’exploration spatiale. Jim Lovell, lui, croit que la NASA doit viser haut et loin : Mars, et un retour sur la Lune. Cette semaine, en compagnie de Fred Haise, il participera à des cérémonies aux États-Unis. Jack Swigert est mort d’un cancer en 1982.
Source: CyberPresse.ca
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