La galaxie lumineuse NGC 3621, ici prise en photo avec la caméra WFI (Wide Field Camera) au télescope de 2,2 mètres de l’Observatoire de La Silla de l’ESO au Chili, semble être un parfait exemple de galaxie spirale. Mais en fait elle est plutôt peu commune : elle n’a pas de bulbe central et est par conséquent décrite comme une galaxie à disque pur.
NGC 3621 est une galaxie spirale située à 22 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation de l’Hydre. Elle est relativement brillante et peut être bien observée avec des télescopes de taille moyenne. Cette image a été prise en utilisant la caméra WFI (Wide Field Camera) sur le télescope MGP/ESO de 2,2 mètres de l’Observatoire de La Silla de l’ESO au Chili. Les données ont été sélectionnées dans les archives de l’ESO par Joe DePasquale dans le cadre du concours « Les Trésors cachés » [1]. L’image de NGC 3621 réalisée par Joe DePasquale a été classée cinquième du concours.
Cette galaxie a une forme de « pancake » plat ce qui indique qu’elle n’a pas encore rencontré d’autre galaxie, car une telle collision galactique aurait perturbé son fin disque d’étoiles, créant un petit bulbe en son centre. La majorité des astronomes pensent que les galaxies grossissent en fusionnant avec d’autres galaxies dans un processus appelé formation hiérarchique des galaxies. Au fil du temps, ce processus devrait créer un grand bulbe au centre des spirales. De récentes recherches ont cependant suggéré que les galaxies spirales sans bulbe ou à simple disque comme NGC 3621 sont en fait assez courantes.
Cette galaxie présente un intérêt supplémentaire pour les astronomes, car sa relative proximité leur permet d’y étudier une large gamme d’objets astronomiques, dont des nurseries d’étoiles, des nuages de poussière et des étoiles pulsantes à l’éclat variable, appelées Céphéides, utilisées par les astronomes comme repères de distances dans l’Univers [2]. A la fin des années 90, NGC 3621 a été l’une des 18 galaxies sélectionnées pour un projet phare du télescope spatial Hubble : observer les étoiles variables de type Céphéide afin de mesurer le taux d’expansion de l’Univers avec une précision meilleure que tout ce qui avait été fait jusque-là . Au cours de ce projet, couronné de succès, 69 Céphéides ont été observées dans cette seule galaxie.
De multiples images monochromes prises avec quatre filtres différents ont été combinées pour réaliser cette image. Les clichés pris au travers d’un filtre bleu ont été colorés en bleu dans l’image finale, ceux pris avec un filtre jaune-vert sont montrés en vert et ceux pris avec un filtre rouge apparaissent orange foncé. En plus, les clichés pris avec un filtre sélectionnant le rayonnement de l’hydrogène ont été colorés en rouge. Le temps de pose total par filtre a été respectivement de 30, 40, 40 et 40 minutes.
Notes
[1] Le concours « Les Trésors cachés 2010 » de l’ESO a donné l’opportunité aux astronomes amateurs de chercher dans les archives volumineuses de données astronomiques de l’ESO, espérant dénicher un joyau bien caché n’attendant qu’à être taillé par les concurrents. Les participants ont proposé près de cent images et les dix personnes les plus douées ont reçu des prix très attrayants, dont un voyage totalement pris en charge pour le vainqueur à destination du VLT (Very Large Telescope) de l’ESO au Cerro Paranal, au Chili, le télescope optique le plus avancé au monde. Les dix gagnants ont soumis un total de 20 images qui ont été parmi les mieux classées du concours sur près de 100 images.
[2] Les étoiles variables appelées Céphéides sont des étoiles très lumineuses – jusqu’à 30 000 fois plus brillantes que notre Soleil – dont la brillance varie à intervalles réguliers sur plusieurs jours, semaines ou mois. La période de cette variation de luminosité est liée à la luminosité intrinsèque de l’étoile, également appelée magnitude absolue. En connaissant la magnitude absolue de l’étoile et en mesurant sa luminosité apparente, les astronomes peuvent facilement calculer sa distance par rapport à la Terre. Les Céphéides variables sont par conséquent fondamentales pour établir l’échelle de l’Univers.
Plus d’informations
L’ESO – l’Observatoire Européen Austral – est la première organisation intergouvernementale pour l’astronomie en Europe et l’observatoire astronomique le plus productif au monde. L’ESO est soutenu par 14 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L’ESO conduit d’ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l’astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d’importantes découvertes scientifiques. L’ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l’organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L’ESO gère trois sites d’observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l’ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l’observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et VISTA, le plus grand télescope pour les grands relevés. L’ESO est le partenaire européen d’ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L’ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d’un télescope européen géant – l’E-ELT- qui disposera d’un miroir primaire de 42 mètres de diamètre et observera dans le visible et le proche infrarouge. L’E-ELT sera « l’œil tourné vers le ciel » le plus grand au monde.
Source: ESO
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