Les astronomes russes qui ont constaté à la fin septembre ce phénomène soulignent qu’il s’est déclenché d’une manière soudaine, alors même que le 11e cycle solaire a débuté très calmement. Cet épisode est d’autant plus remarquable que de telles éruptions solaires ne se produisent qu’une fois en plusieurs décennies. Le plasma est en effet comme « gelé » dans le champ magnétique du Soleil, et pour s’en échapper, il lui faut en quelque sorte « déchirer » les lignes magnétiques dans lesquelles il est retenu.
Que s’est-il passé? Une très puissante explosion s’est produite, après quoi, dans la partie septentrionale du Soleil, l’excédent d’énergie a été rejeté sous la forme d’une gigantesque protubérance, haute d’un million de kilomètres. Plusieurs dizaines de milliards de tonnes de plasma incandescent sont partis dans l’espace cosmique. Cet énorme rejet de plasma de l’atmosphère du Soleil a été fixé par l’observatoire spatial russe Tesis installé sur la sonde russe Koronas-Photon. « Ces protubérances forment des nuages d’un plasma ionisé assez froid, d’une température de 6 à 8.000 degrés. Ils peuvent demeurer longtemps dans l’atmosphère du Soleil. Si l’équilibre est détruit, les protubérances s’échappent dans l’espace ouvert », a expliqué Vladimir Slemzine, chercheur de l’observatoire X du Soleil de l’Institut de physique Lebedev.
Les chercheurs de l’Institut Lebedev avancent une explication sur ce qui a pu se passer. « Le champ magnétique du Soleil, écrivent-ils sur leur site, possède une énergie colossale, supérieure de plusieurs dizaines de fois à l’énergie thermique et cinétique totale de la matière environnante… Dans le cas présent, on peut supposer que le départ de la matière a été rendu possible par un affaiblissement du champ magnétique consécutif à la destruction de plusieurs régions actives ».
Les amas de plasma se déplacent dans l’espace à une grande vitesse – jusqu’à 1.000 km/s. Ils peuvent effectuer en deux jours le trajet Terre-Soleil, soit 150 millions de kilomètres. Ils peuvent causer de gros dommages, et même entraîner des catastrophes sur notre planète, préviennent les scientifiques. Si une telle protubérance venait à « visiter » notre globe, nous verrions dans un premier temps une sorte d’aurore boréale dans le ciel. Puis elle commencerait à détruire les systèmes énergétiques, avec toutes les conséquences en découlant pour les sites industriels, les particuliers, etc. Ce ne sera pas le cas, en l’occurrence : l’énorme protubérance a pris une direction opposée à celle de la Terre.
Les scientifiques sont préoccupés par ce phénomène. Si une telle quantité de plasma a pu être arrachée du Soleil, cela dénote une faiblesse de la part de ce dernier, qui pourrait se rééditer. Les astronomes rappellent que la Terre a déjà été victime, il y a 150 ans, de ce que l’on avait appelé la « tempête » (ou embrasement) de Carrington – une très puissante tempête magnétique, qui avait suivi une série d’éruptions solaires. Les nuages avaient atteint la Terre en 17 heures. Il faisait clair la nuit comme en plein jour. Mais l’industrie n’en était alors qu’à ses débuts, et l’on n’avait assisté à aucune catastrophe technologique majeure. Il pourrait en aller différemment de nos jours. Des spécialistes de la NASA disent s’attendre à une telle tempête en 2012. Les scientifiques espèrent pouvoir donner l’alerte à temps. Mais une seule sonde spatiale est en mesure de le faire. Elle évolue depuis 1997 entre la Terre et le Soleil, mais peut à tout moment cesser de fonctionner.
Source : Slemzin Vladimir Alexeevich, Institut de physique Lebedev – Leninskiy prospekt – Moscou
rian.ru et strf.ru
Nicolas Quenez – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/61719.htm
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