Depuis un demi-siècle que les satellites sont à notre service, les bénéfices que nous en tirons sont si omniprésents dans notre quotidien qu’on ne les remarque plus. Samedi dernier, « Un monde sans satellites » fut le thème lors d’une conférence-débat organisée à Paris.
Pour prendre la mesure de l’apport du spatial dans notre vie de tous les jours, il suffit d’imaginer ce qui se passerait si du jour au lendemain nous devions en être privés. Ce fut la tâche du panel de spécialistes qui étaient réunis samedi 27 novembre, lors d’une conférence organisée par la Mairie du XVe arrondissement de Paris, en partenariat avec l’ESA, le CNES (Centre national d’études spatiales) et Eutelsat, et intitulée « Un monde sans satellites ».
Imaginez-vous un monde sans satellite météorologique, où les prévisions ne reposeraient que sur les observations au sol et quelques mesures effectuées dans l’atmosphère et à bord d’avions. D’immenses régions de la planète ne seraient plus surveillées, ou très ponctuellement, et nous perdrions la connaissance de l’évolution des grands systèmes climatiques, notamment pour la formation et le déplacement des cyclones, qui pourraient donc frapper les côtes sans que l’alerte puisse être donnée plus de quelques heures à l’avance. Depuis 1977, les satellites Meteosat développés par l’ESA sont les gardiens de notre climat. Sans eux et tous les autres satellites chargés de veiller sur l’environnement, nous ignorerions en outre l’essentiel des changements climatiques en cours.
Ecrans noirs et chaos
Sans satellites de télécommunications, plus de retransmission en direct des événements du bout du monde, ni même souvent du pays d’à côté. Autrefois, pour voir le match, il fallait attendre que les films soient rapatriés par le premier avion. Oubliés aussi les bouquets de chaînes de télévision, sans satellite plus de réception directe mais aussi impossible aux câblo-opérateurs de récupérer les chaînes pour les injecter dans leur réseau. Les réémetteurs hertziens, alimentés via satellite eux aussi, deviendraient muets. Réduites aux liaisons filaires et aux câbles transocéaniques, les communications téléphoniques et les transmissions de données seraient elles aussi grandement affectées – plus d’Internet à haut débit, plus de liaisons multimédias – voire simplement coupées là où ces réseaux n’existent pas. Dès 1978, avec les satellites OTS puis ECS, l’ESA a été pionnière dans l’expansion des télécommunications via l’espace, de la télédiffusion aux services mobiles. Grâce aux satellites Marecs, les navires en mer ont pu maintenir une liaison permanente avec la côte. Aujourd’hui l’ESA travaille encore à améliorer les performances dans ce domaine afin de permettre le désenclavement des régions isolées pour l’accès au haut débit numérique.
Les satellites de navigation ne se contentent pas de permettre à votre récepteur GPS de trianguler votre position, ils jouent un rôle crucial dans le trafic aérien, maritime et routier, dans la construction et même dans la coordination de vastes systèmes comme les réseaux de distributeurs bancaires ou les cellules pour la téléphonie mobile en leur fournissant une référence de temps de très haute précision. Leur arrêt priverait donc une grande partie de la population de moyens de communications et paralyserait les transactions. C’est pour cette raison que l’ESA et la Commission européenne, avec Galileo, travaillent à se doter d’un système autonome indépendant du GPS américain et du Glonass russe.
Savoir, prévoir, gérer et rêver
La liste des activités humaines affectées, limitées ou rendues impossibles par l’absence des satellites peut s’allonger indéfiniment tant ils sont devenus des acteurs cruciaux de nos vies : gestion des ressources, services de secours, surveillance des infrastructures, maintien de la paix, lutte contre la prolifération, suivi des icebergs, agriculture, pêche… Mais aussi climatologie, océanographie, géophysique ou astronomie, car sans satellite, de nombreux champs de recherche scientifique seraient démunis. Les spécialistes de l’ESA, du CNES et d’Eutelsat participant à la conférence donnèrent un aperçu de ces multiples applications pour lesquelles le recours au satellite est indispensable.
L’astronaute français fraîchement diplômé Thomas Pesquet, du Corps des astronautes de l’ESA, était également présent pour rappeler que si le spatial fait désormais partie de notre univers, nous y avons également notre place, pour étudier et explorer. Car au delà du service et de la connaissance, l’un des apports les plus importants du spatial reste aussi la source infinie d’inspiration qu’il constitue.
Source: ESA
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