Trois semaines après le vol historique du Soviétique Youri Gagarine, premier homme à avoir volé dans l’espace, Alan Shepard lui emboîtait le pas, il y a cinquante ans le 5 mai 1961, pour devenir le premier Américain à effectuer un périple spatial.
Alan Shepard, pilote d’essai de l’Aéronavale de 37 ans, a été lancé à bord de la capsule Freedom 7 de la mission Mercury 3, par une fusée Redstone depuis Cap Canaveral en Floride, dans la matinée du 5 mai 1961.
Son vol sub-orbital au-dessus de l’océan Atlantique, à une altitude maximale de 187 kilomètres, n’a duré que 15 minutes mais a été crucial pour la suite du programme spatial des Etats-Unis, jugent des historiens.
Le lancement de Freedom 7 avec Alan Shepard était initialement prévu en mars 1961 mais des problèmes techniques ont nécessité un report.
« Il est intéressant de se demander quelle aurait été la direction du programme spatial américain si Shepard avait volé dans l’espace avant Gagarine car le vol de ce dernier a convaincu le président John Kennedy d’entrer dans la course spatiale », relève John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute de l’Université George Washington.
En outre, le président Kennedy craignait un impact négatif en cas d’échec de ce vol retransmis en direct à la télévision moins de trois semaines après le fiasco américain du débarquement de la Baie des cochons à Cuba, et avait hésité avant de l’autoriser pour le 5 mai, rappelle l’historien dans un entretien avec l’AFP.
De plus, le vol de Shepard est intervenu quelques jours avant que Kennedy n’accepte la recommandation de lancer le programme Apollo, visant à faire poser un Américain sur la Lune avant la fin de la décennie 60.
Selon John Logsdon, « le succès de la mission de Shepard a été nécessaire pour lancer le programme Apollo » car, spécule-t-il, un échec aurait pu dissuader le président Kennedy de donner son feu vert ou aurait tout au moins pu l’amener à le retarder.
« Le vol de Shepard a été sans aucun doute historique » même s’il ne fait pas l’objet de grandes célébrations, relève Stephen Garber, un historien de la Nasa.
Ce périple de 15 minutes a permis de démontrer la viabilité de certains principes fondamentaux du vol spatial, ce qui a ouvert la voie aux programmes Gemini et Apollo. « Ce vol a été très important pour ce qui a suivi », explique M. Garber à l’AFP.
Si Gagarine a volé sur orbite, effectuant un tour du globe et volant au total 108 minutes, il était passif à bord tandis que pour son vol sub-orbital, Shepard pilotait la capsule et a maintenu un contact radio constant avec le centre de contrôle.
Alan Shepard, le premier astronaute américain, qui a fini sa carrière comme contre-amiral de l’US Navy, a aussi été le cinquième homme à poser le pied sur la Lune et le premier à y jouer au golf dans le cadre d’Apollo 14 (32 janvier au 9 février 1971), la troisième mission lunaire.
Il est décédé d’un cancer en juillet 1998 à 74 ans.
Une cérémonie pour célébrer le cinquantième anniversaire du premier Américain dans l’espace est prévue jeudi à la base aérienne de Cap Canaveral avec le patron de la Nasa, Charles Bolden, en présence de la famille Shepard et de Scott Carpenter, un ancien astronaute du programme Mercury.
La Poste américaine dévoilera aussi deux nouveaux timbres dédiés au premier vol d’un Américain dans l’espace.
© 2011 AFP
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