Participation de l’Université de Montréal à une étude internationale
La maladie du hamburger, forme extrêmement invalidante de toxi-infection alimentaire, pourrait bientôt être reléguée au rang des mauvais souvenirs du passé. Les résultats d’une collaboration de recherche internationale dirigée par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) français, en collaboration avec l’Université de Montréal, viennent en effet de montrer pour la première fois comment la bactérie E. coli à l’origine de cette maladie peut survivre dans l’intestin de vache en s’assurant l’exclusivité de sources alimentaires spécifiques. Publiés dans le numéro d’octobre d’Environmental Microbiology et signalés dans Nature Reviews Microbiology, les résultats de cette étude pourraient déboucher sur l’élaboration d’interventions non médicales pour éradiquer cette bactérie.
« Nous avons étudié E. coli O157:H7, la souche bactérienne la plus fréquemment associée aux flambées de gastro-entérites de grande envergure, explique Josée Harel, coauteure de l’étude et directrice du Groupe de recherche sur les maladies infectieuses du porc à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Ces flambées résultent le plus souvent d’un contact direct avec l’environnement agricole et de la consommation de viande crue ou mal cuite, ainsi que de lait et de produits laitiers non pasteurisés. La réduction ou l’éradication de la souche O157:H7 chez la vache pourrait réduire sensiblement le risque de contamination alimentaire et, conséquemment, d’infections humaines. »
E. coli O157:H7, une bactérie très rusée
L’intestin est un environnement complexe colonisé par grand nombre de bactéries différentes. La plupart sont sans danger et plusieurs d’entre elles contribuent au bon fonctionnement de l’appareil digestif. Mais l’intestin est aussi le théâtre d’un véritable champ de bataille entre ces bactéries qui se livrent une lutte sans merci pour capter le carbone, l’azote et les autres sources d’énergie dont elles ont besoin pour survivre. Celles qui remportent la bataille survivent et se multiplient, les autres disparaissent.
La professeure Harel et ses collaborateurs de l’Institut national de la recherche agronomique en France et Lallemand Animal Nutrition ont commencé par démontrer que la souche O157:H7 peut croître dans le milieu intestinal des bovins. Une fois ce constat établi, ils ont ensuite déterminé pourquoi cette bactérie particulière privilégiait l’intestin de vache. Ils ont découvert qu’O157:H7 avait la faculté de dégrader enzymatiquement l’éthanolamine de, une substance chimique présente dans l’intestin de vache. Cette réaction permet de relâcher l’azote de ce composé. Dans la mesure où les autres bactéries ne peuvent utiliser l’éthanolamine, E. coli O157:H7 possède l’exclusivité de ce nutriment. « L’aptitude d’E. coli O157:H7 à utiliser l’éthanolamine comme source d’azote lui confère l’avantage nutritionnel et compétitif nécessaire à sa survie », explique la professeure Harel.
Tout dans les gènes
La dernière étape de la recherche menée par la professeure Harel et ses collègues a été de déterminer comment E. coli O157:H7 pouvait extraire l’azote de l’éthanolamine. Des analyses génétiques ont révélé qu’E. coli O157:H7 exprimait des gènes spécifiques lui permettant d’y parvenir.
« Nous savons aujourd’hui que cette bactérie possède un programme génétique qui lui permet d’utiliser l’éthanolamine et ce faisant, de survivre et de se multiplier avantageusement dans l’intestin, explique la professeure Harel. Ces connaissances nous aideront à sélectionner l’alimentation ou les probiotiques appropriées pour priver cette bactérie de cette source vitale d’énergie. Cette méthode devrait permettre de limiter la propagation de la bactérie dans la chaîne alimentaire. »
À propos de la maladie du hamburger :
La maladie du hamburger ou syndrome urémique et hémolytique (SUH) se déclare généralement après une infection gastro-intestinale, elle-même causée par la bactérie E coli 0157:H7. Elle se traduit par la destruction des cellules intervenant dans la coagulation du sang (plaquettes) et des globules rouges. Les lésions que ce phénomène inflige aux petits vaisseaux sanguins et tubules rénaux peuvent occasionner une insuffisance rénale. Ce syndrome se déclare habituellement chez les enfants entre l’âge de 1 et 10 ans, mais aussi chez les adultes. Le syndrome hémolytique et urémique touche 2 à 4 personnes sur 100 000, partout dans le monde.
Partenaire de recherche :
Cette étude a été financée par le programme européen ProSafeBeef dans le cadre du 6e programme-cadre de la Communauté européenne pour les actions de recherche et de développement.
Sur le Web :
- Environmental Microbiology : http://www.wiley.com/bw/journal.asp?ref=1462-2912
- Nature Reviews Microbiology : http://www.nature.com/nrmicro/index.html
- Université de Montréal : www.umontreal.ca/
- Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal : www.medvet.umontreal.ca/index.html
- Institut national de la recherche agronomique : www.international.inra.fr/
- Lallemand Animal Nutrition : www.lallemandanimalnutrition.com
Source: Julie Gazaille – Université de Montréal
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