Trois nouvelles études chez la souris montrent que les lymphocytes T régulateurs peuvent favoriser la transplantation de peau chez des receveurs. Les lymphocytes T régulateurs sont un élément important d’auto-contrôle du système immunitaire pour limiter ses réactions excessives. Des scientifiques ont essayé de dompter cette capacité pour trouver un moyen d’empêcher le rejet d’organe observé chez des patients transplantés. Actuellement, presque tous ces patients doivent prendre des médicaments immunosuppresseurs le reste de leur vie pour prévenir tout rejet immédiat. Si ces produits agissent bien à court terme, ils ne peuvent protéger les personnes greffées d’un rejet à plus long terme 5 ou 10 ans plus tard. Et comme ces médicaments entravent tout le système immunitaire, ils peuvent entraîner des infections et d’autres effets indésirables. Le corps ne fabrique pas non plus assez de lymphocytes T régulateurs pour éviter le rejet d’organe mais leur production massive en laboratoire puis leur réintroduction dans l’organisme pourrait être un moyen, espèrent les chercheurs, de garder sous contrôle le système immunitaire et d’obvier à tout rejet.
Pervinder Sagoo et ses collègues ont développé un moyen d’utiliser des lymphocytes T régulateurs pour ne supprimer que les cellules immunitaires à l’origine de l’attaque de la peau transplantée. En prenant des cellules de souris et en les exposant à celle de tissu transplanté in vitro, l’équipe a découvert des marqueurs qui leur permettent de retirer les lymphocytes T « spécifiques du donneur ». Les chercheurs ont alors pu produire de grandes quantités de ces cellules en laboratoire et les ont injectées à des souris greffées avec de la peau humaine. Les lymphocytes T spécifique du donneur n’ont bloqué que le type de réponse immunitaire à l’origine du rejet de la greffe. D’une façon similaire, Andrew Bushell et ses collègues ont produit en laboratoire des lymphocytes T régulateurs spécifique du donneur par une méthode différente. Les chercheurs ont trouvé que l’inhibition d’une enzyme, la PDE3, avec une substance appelée cilostamide déjà utilisée pour les vaisseaux peut doper la production de ces lymphocytes T et prévenir le rejet de greffe chez la souris. Dans une troisième étude, Bruce Blazer et ses collègues décrivent encore un autre moyen d’augmenter la production de lymphocytes T régulateurs in vitro en utilisant cette fois le sang. Après avoir prélevé un stock initial de ces cellules dans le sang, l’équipe s’est ensuite servie de cellules présentatrices d’antigènes artificielles pour multiplier jusqu’à 50 millions de fois la quantité d’origine. Lorsqu’elles ont été réintroduites dans la souris, ces cellules ont gardé leurs propriétés immunosuppressives et protégé les animaux d’une maladie du greffon contre l’hôte. Un article Perspective associé aborde comment la production personnalisée de lymphocytes T régulateurs pourrait révolutionner la transplantation d’organe et le traitement des maladies auto-immunes.
Source : Natasha Pinol – AAAS
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