Le cerveau des personnes âgées n’est pas plus lent, mais plus avisé que celui des jeunes, ce qui lui permet d’atteindre un niveau de performance équivalent selon une étude menée à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal par le Dr Oury Monchi et son étudiant, Dr Ruben Martins, affiliés à l’Université de Montréal.
« Le cerveau âgé a acquis de l’expérience et sait qu’il ne sert à rien de se mettre en action trop tôt. On savait déjà que le vieillissement n’est pas nécessairement associé à une perte significative des fonctions cognitives. Le cerveau des plus âgés peut, pour certaines tâches, réaliser les mêmes performances à peu près aussi bien que celui des plus jeunes, » a déclaré Dr Monchi. « Maintenant, nous avons des indications neurobiologiques qui expliquent qu’en vieillissant vient également la raison, et que le cerveau apprend à mieux répartir ses ressources. Bref, notre étude montre que Lafontaine avec son lièvre et sa tortue avait drôlement raison et que l’adage voulant qu’il ne sert de courir, mais qu’il vaut mieux partir à point, caractérise fort bien le vieillissement. »
Le but initial de l’étude était d’explorer les chemins par lesquels est traitée l’information dans le cerveau lors de la planification et la réalisation de tâches d’appariement de règles lexicales, notamment lorsque ces règles étaient changées en cours d’exercice. Lors de ce genre de tests, on demande aux participants de deviner le classement de mots par leur ressemblance, celle-ci pouvant concerner la catégorie sémantique (animal, objet, etc.), la rime ou le début du mot (attaque), tout en changeant les règles d’appariement plusieurs fois au cours de l’exercice, et ce, sans le dire aux participants. Par exemple, si la personne comprenait que les mots s’apparentaient par catégorie sémantique, la règle était changée pour que l’appariement se fasse par la rime.
« Fait cocasse, le cerveau jeune est plus réactif que le cerveau âgé au renforcement négatif. Lorsqu’un des jeunes participants se trompait et qu’il devait planifier et exécuter une nouvelle stratégie pour obtenir la bonne réponse, diverses régions de son cerveau étaient sollicitées avant même que le prochain essai démarre. Tandis que lorsqu’un participant plus âgé apprenait qu’il se trompait, ces régions n’étaient sollicitées qu’au début de l’essai suivant indiquant qu’avec l’âge, on décide de réajuster le tir seulement lorsque cela est absolument nécessaire. Comme si le cerveau âgé était plus imperméable à la critique et plus confiant que le cerveau jeune », a souligné Dr Monchi.
Source : William Raillant-Clark – Université de Montréal
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