Selon une étude de Concordia, les Canadiens ne consomment pas assez de fruits et légumes
Les adultes âgés de 30 à 60 ans, notamment ceux issus de milieux socioéconomiques défavorisés, ne consomment pas la quantité quotidienne recommandée de fruits et légumes. Toutefois, les Québécois en mangent davantage que leurs compatriotes canadiens.
Voilà quelques-unes des conclusions d’une récente étude de l’Université Concordia, publiée dans Nutrition Journal, qui jette un éclairage nouveau sur ceux qui consomment suffisamment de fruits et légumes pour profiter des bienfaits sur la santé d’une alimentation équilibrée incluant ces produits.
« De l’Atlantique aux provinces de l’Ouest, on consomme moins souvent de fruits et légumes qu’au Québec », souligne Mesbah Sharaf, auteur principal de la recherche et doctorant au Département de sciences économiques de l’Université. « L’influence culturelle pourrait y être pour quelque chose, car le Québec est une province majoritairement francophone, riche d’une histoire enracinée dans les traditions agricoles, la culture maraîchère, l’exploitation fruitière et la production laitière. »
« Cette étude nous permet de mieux comprendre l’influence qu’exercent les moyens financiers et le mode de vie sur la consommation de fruits et légumes, en vue de cibler les groupes auprès desquels nous pourrons promouvoir des politiques plus efficaces en matière de nutrition », précise Sunday Azagba, coauteur et également doctorant au Département de sciences économiques de Concordia.
Les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de quelque 94 000 personnes, âgées de 18 à 69 ans, parues dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Ils se sont penchés sur des facteurs tels le sexe, la scolarité, le revenu, la situation de famille et le statut de fumeur ou non-fumeur, pour déterminer les écarts de fréquence de la consommation de fruits et légumes de personnes issues de divers milieux.
Les analyses révèlent que les personnes ayant un niveau de scolarité et un revenu faibles mangent moins souvent de fruits et légumes, soit environ 4,5 fois par jour. Celles dont le niveau de scolarité et le revenu sont plus élevés en consomment, pour leur part, un peu plus de cinq fois par jour.
« Il existe également des disparités significatives sur le plan de la fréquence de consommation de fruits et légumes selon le profil démographique et le mode de vie », indique M. Azagba.
Ainsi, les hommes, les célibataires, les fumeurs, les personnes dans la quarantaine et les couples sans enfants s’alimentent moins souvent en fruits. L’équipe de recherche a également établi que :
- les Québécois se servent plus fréquemment dans le bac à légumes que leurs compatriotes des autres provinces (les Territoires du Nord-Ouest n’étaient pas visés par l’étude);
- les femmes se mettent plus régulièrement un fruit ou un légume sous la dent que les hommes : 5,4 fois par jour plutôt que 4,5 fois par jour respectivement;
- les personnes dont la vie sociale est limitée n’ont pas un aussi bon appétit pour les fruits et légumes que celles qui jouissent d’un solide réseau d’amis;
- les personnes ayant un niveau de scolarité plus élevé mangent plus souvent de pommes et de carottes, et ce, indépendamment d’autres facteurs démographiques ou liés au mode de vie.
Diffuser le message
S’alimenter quotidiennement d’au moins cinq portions de fruits et légumes procure sans contredit de nombreux bienfaits pour la santé. Selon l’Organisation mondiale de la Santé et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, une consommation suffisante de fruits et légumes réduit les risques de diabète, d’accident vasculaire cérébral, d’obésité et d’hypertension artérielle.
Malgré ces constatations, les auteurs de l’étude révèlent que pour la majorité des gens, la consommation de fruits et légumes reste inférieure à la valeur quotidienne recommandée. Ils suggèrent d’encourager la population à manger davantage de brocoli et de petits fruits en faisant mieux connaître leurs effets positifs sur la santé par l’entremise des médias, de programmes de nutrition communautaires ainsi que de subventions gouvernementales pour de tels produits.
« Il n’existe pas de solution universelle pour promouvoir de saines habitudes alimentaires. Aussi, une approche polyvalente s’avère nécessaire pour redresser le faible niveau de consommation de fruits et légumes, particulièrement chez les personnes issues de milieux socioéconomiques défavorisés », affirme M. Sharaf.
Liens connexes :
- Étude citée
- Département de sciences économiques de l’Université Concordia
- Organisation mondiale de la Santé (nutrition)
Source : Nadia Kherif
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