On dit que la foudre ne tombe jamais au même endroit, sauf bien sûr s’il y a un paratonnerre. Une enzyme appelée UROD agit exactement comme un paratonnerre pour des cellules cancéreuses, orientant les rayons et la chimiothérapie vers des endroits spécifiques du tissu malade, indique une nouvelle étude effectuée chez l’homme et la souris. Cette découverte suggère que l’UROD, identifiée pour la première fois comme un acteur clé du cancer chez l’homme dans cette étude, pourrait servir à réduire les effets secondaires des traitements chez les patients atteints d’un cancer de la tête et du cou, le huitième cancer le plus répandu dans le monde. Malgré de nombreux progrès effectués ces dernières décennies, les effets secondaires toxiques des thérapies actuelles ont contribué à réduire les résultats chez beaucoup de patients. Les tumeurs de la tête et du cou se trouvent souvent proches d’organes critiques et leur destruction s’avère souvent problématique, allant même jusqu’à mettre en jeu la vie du patient.
Dans leur étude, Emma Ito et ses collègues montrent qu’en ciblant l’UROD ils peuvent augmenter les effets des rayons et de la chimiothérapie sur les tumeurs de la tête et du cou tout en minimisant leur toxicité envers les tissus normaux. En focalisant la thérapie sur des endroits spécifiques du tissu, de plus faibles doses de rayonnement ou de produits pourraient être données aux patients sans compromettre l’efficacité du traitement. La décarboxylase de l’uroporphyrinogène ou UROD est une enzyme impliquée dans la production d’une molécule appelée hème vitale pour tous les organes de l’organisme et particulièrement abondante dans le sang, la moelle osseuse et le foie. En effet, l’hème est une composante essentielle des protéines contenant du fer appelées hémoprotéines qui incluent l’hémoglobine, le transporteur de l’oxygène dans le sang. Les auteurs ont découvert dans un criblage à haut débit par ARN interférent que sans UROD les tumeurs devenaient très sensibles aux rayons et à la chimiothérapie. Chez la souris, le blocage de l’expression du gène de l’UROD augmentait la mort des cellules cancéreuses. L’analyse d’échantillons de tissus de cancer de la tête et du cou a révélé que leur taux de UROD était nettement plus élevé que dans les tissus normaux. De plus, les chercheurs ont déterminé qu’une amélioration clinique des patients était liée à des niveaux plus faibles d’UROD, ce qui laisse penser que l’UROD pourrait servir à prédire la réponse aux rayons des patients. Les auteurs espèrent que des inhibiteurs de l’UROD pourront un jour être utilisés en conjonction avec les rayons ou la chimiothérapie pour réduire leurs effets secondaires.
Source: Natasha Pinol – AAAS
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