Une équipe internationale de chercheurs a séquencé le génome du pou du corps humain, compagnon inséparable de l’homme depuis des millions d’années, selon leurs travaux parus lundi aux Etats-Unis.
Une équipe internationale de chercheurs a séquencé le génome du pou du corps humain, compagnon inséparable de l’homme depuis des millions d’années, selon des travaux parus lundi qui devraient faire avancer la compréhension de l’évolution de l’homme et des insectes.
Cet accomplissement apporte de nouveaux éclairages sur la biologie humaine, sur celle de ce petit insecte, ainsi que sur leur évolution respective.
Les auteurs de l’étude ont également séquencé le génome d’une bactérie vivant dans le corps du pou appelée Candidatus Riesia pedicullicola.
Le pou, qui prolifère quand l’hygiène corporelle est défaillante, peut aussi transmettre aux humains des pathogènes comme le Rockettsia prowazekii, responsable d’épidémies de typhus et le Borrelia recurrentis à l’origine de la borréliose (fièvre récurrente) ainsi que la Bartonella quintana. Ce pathogène provoque la fièvre des tranchées qui a affecté l’armée de Napoléon lors de la retraite de Russie en 1812.
Le génome du pou est le plus petit d’un insecte séquencé, soulignent les chercheurs dont la communication est publiée dans les Annales de l’Académie Nationale amériaine des Sciences datées du 21 juin.
Ce parasite de 2 à 3 millimètre de long est totalement dépendant des humains pour sa survie et disparaîtrait de la surface de la Terre s’il en était séparé trop longtemps, expliquent-ils.
Le pou a un mode de vie « très simple: il vit dans vos cheveux ou dans vos vêtements et se nourrit exclusivement de sang », relève dans un communiqué Barry Pittendrigh, professeur d’entomologie à l’Université d’Illinois (nord), qui a coordonné l’équipe internationale de recherche.
La simplicité de ce mode de vie se reflète dans son génome comme le montre le nombre réduit de gènes de détection ou de réaction à l’environnement.
Le séquençage révèle un nombre nettement moindre de récepteurs pour le goût et les odeurs comparativement aux autres insectes.
Le corps du pou compte également « le plus petit nombre d’enzymes de désintoxication observés dans n’importe quel autre insecte », indique John Clark de l’Université du Massachusetts, co-auteur de l’étude.
Ce nombre réduit d’enzymes de désintoxication rend l’organisme du pou potentiellement prometteur pour l’étude de la résistance aux insecticides et d’autres mécanismes de défense, observe Barry Pittendrigh.
« Le pou est aussi étudié pour comprendre l’évolution et la migration humaine et estimer quand les hommes ont commencé à porter des vêtements », poursuit cet entomologiste.
« Le séquençage du génome du pou devrait aussi contribuer au développement de meilleures méthodes de contrôle à la fois du pou du corps humain mais aussi de la tête » et du pubis ou morpion, ajoute-t-il.
Au-delà de son importance dans le contexte sanitaire humain, le décodage du génome de cet insecte est essentiel pour la compréhension de son évolution, soulignent ces chercheurs.
C’est en effet le second séquençage du génome d’un insecte au développement graduel à savoir que le corps ne subit pas de transformation anatomique et écologique profonde dans le processus de maturité de l’oeuf au stade adulte.
La plupart des espèces d’insectes sur la planète connaissent une métamorphose complète dans le développement de l’oeuf, à la chenille, à la nymphe puis à l’insecte adulte.
Le génome du pou peut ainsi fournir des élèments importants pour comprendre comment a évolué le processus de métamorphose complète, une clé de la domination de la planète par les insectes, jugent les auteurs de ces travaux.
Source: © 2010 AFP
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