Un des principes fondamentaux de la médecine est « avant tout, ne pas nuire ». Pour les médecins qui soignent le cancer du sein, cependant, la chose est plus facile à dire qu’à faire. Tous les ans, on diagnostique ce cancer chez 22 000 femmes au Canada. Le traitement comprend habituellement l’ablation d’une tumeur par intervention chirurgicale, puis la chimiothérapie afin d’atténuer les risques de récidive. Toutefois, des études indiquent que la chimiothérapie suivant l’opération s’avère totalement inutile pour la plupart de celles qui n’en sont qu’au tout début de la maladie, bref qu’elle cause plus de tort que de bien.
Arriver à déterminer si les risques de récidive sont faibles ou élevés aiderait les médecins à épargner la chimiothérapie à celles qui n’en ont pas vraiment besoin, avec l’impact considérable sur la qualité de vie de la malade ainsi que la réduction des coûts de santé qu’on imagine.
Le saviez-vous?
La chimiothérapie a parfois des effets dévastateurs, tant sur le plan physique qu’émotionnel. Ses effets secondaires vont des nausées, des vomissements et de la perte des cheveux aux plaies buccales, à la ménopause, à l’infertilité, à l’engourdissement et à des douleurs aux articulations, aux mains et aux pieds.
Pour l’instant, la majorité des médecins fondent leurs pronostics sur l’âge de la patiente et le « type de tumeur », mais cette approche ne donne pas de très bons résultats. Les chercheurs du CNRC ont toutefois créé un outil permettant d’identifier les femmes atteintes du cancer du sein pour lesquelles les risques de récidive sont minces. Cet outil – un algorithme qui discerne la « signature de l’expression génique » ou les marqueurs biologiques du cancer – distingue les tumeurs à faible risque avec une exactitude de 87 à 100 % chez différents groupes de patientes et pourrait signifier l’élimination virtuelle des chimiothérapies superflues.
Pour leur étude, dont les résultats ont été publiés dans un numéro récent de Nature Communications, Edwin Wang et ses collègues de l’Institut de recherche en biotechnologie du CNRC (IRB-CNRC), à Montréal, ont recouru à des données connues sur le profil d’expression génique de plus d’un millier d’échantillons de cancer du sein. « Chaque tumeur a son propre profil, qui révèle comment les gènes de la malade ont changé, explique-t-il. Pour développer l’algorithme, nous avons combiné ces données aux renseignements sur l’issue de la maladie – entre autres, si la tumeur initiale s’est généralisée et combien de temps la personne a survécu. »
L’équipe du CNRC espère maintenant que son algorithme trouvera application en milieu clinique. « La propriété intellectuelle est protégée par un brevet provisoire et nous aimerions qu’une entreprise canadienne l’exploite sous licence afin d’en faire une trousse », déclare Maureen O’Connor, de l’IRB-CNRC, un des auteurs de l’étude. « Jusqu’à présent, plusieurs entreprises semblent intéressées. »
Mme O’Connor ajoute que l’algorithme du CNRC pourrait être adapté à d’autres types de cancer pour lesquels un traitement excessif est monnaie courante. C’est notamment le cas du cancer de la prostate. « Ce cancer est rarement agressif. Pourtant, le traitement peut être radical, poursuit-elle. Nous aimerions élaborer un test qui prédirait avec 99 % d’exactitude si le cancer est agressif ou pas afin qu’on prenne la meilleure décision possible concernant un traitement immédiat. » »
Dans l’avenir, l’algorithme pourrait aussi paver la voie à un traitement personnalisé pour les personnes atteintes du cancer. « En moyenne, de 14 à 16 gènes ont muté chez les cancéreux, affirme M. Wang. Nous espérons que la signature génétique du cancer nous aidera à établir les mutations à cibler pour stopper la progression de la maladie auprès de chaque patient. »
Source: CNRC (Conseil national de recherches Canada)
http://www.nrc-cnrc.gc.ca/fra/actualites/cnrc/2010/11/01/profil-cancer.html
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