Les poissons introduits par l’homme dans les cours d’eau depuis 150 ans ont modifié la taille moyenne des communautés de poissons dans de nombreuses zones du globe. L’étude réalisée par des chercheurs du CNRS, de l’Université de Toulouse, de l’IRD et du Muséum national d’Histoire naturelle, ainsi que des universités d’Anvers (Belgique) et d’Ultrecht (Pays Bas), montre que les espèces de poissons introduites sont en moyenne 12 cm plus grandes que celles naturellement présentes dans les cours d’eau. Le remaniement de la structure en taille des communautés de poissons représente un fort risque de modification des écosystèmes aquatiques. Ces travaux sont publiés dans la revue Ecology Letters d’avril 2010.
En croisant des données sur les poissons présents dans 1050 cours d’eau du monde, des chercheurs de l’Université de Toulouse, du CNRS, de l’IRD et du MNHN, ainsi que des universités d’Anvers (Belgique) et d’Ultrecht (Pays Bas) montrent que les espèces de poissons introduites sont en moyenne 12 cm plus grandes que les espèces natives de ces rivières. Ce qui augmente la taille moyenne des communautés de poissons d’une rivière d’environ 2 cm. Cette modification affecte, avec modération, mais significativement la règle empirique de Bergmann. Cette règle générale, qui s’applique à la majorité des êtres vivants, exprime le fait que plus un organisme vit éloigné de l’équateur, plus sa masse corporelle est importante. Elle est le fruit de millions d’années d’évolution conjointe des espèces et de leur environnement, et comme le met en évidence cet article, l’homme semble en passe d’en modifier les contours..
Au-delà de ces considérations historiques, l’introduction d’espèces ayant des caractéristiques écologiques différentes des espèces naturellement présentes peut également affecter le fonctionnement des écosystèmes. En effet, une partie de ces grandes espèces largement introduites à travers le monde sont des prédateurs (Truite, Black Bass, Silure…) alors que d’autres sont plutôt mangeurs de détritus ou de végétaux (Carpe, Tilapias,…). Ces caractéristiques écologiques sont susceptibles de modifier la chaîne alimentaire ou le recyclage de la matière organique. Les modifications de la taille moyenne des communautés observées dans les cours d’eau à l’échelle du globe pourraient donc aller de pair avec des modifications du fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
Le poisson chat, originaire d’Amérique du Nord (photo du haut) et la truite fario, originaire d’Europe (photo du bas) sont deux espèces qui ont été largement introduites par l’homme à travers le monde. Toutes deux contribuent à l’accroissement de la taille des communautés natives.
Références :
Non-native species disrupt the worldwide patterns of freshwater fish body size : implications for Bergmann’s rule, S. Blanchet, G. Grenouillet, O. Beauchard, P. A. Tedesco, F. Leprieur, H. H. Dürr, F. Busson, T. Oberdorff; S. Brosse, Ecology Letters, avril 2010.
Source: CNRS
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