Les changements climatiques peuvent nuire aux populations indigènes. Les chercheurs les aident à s’adapter.
L’Arctique canadien. La jungle amazonienne. Les abords d’une forêt pluviale africaine.
Ces terres abritent quelques-unes des populations les plus isolées et les plus vulnérables de la planète : les peuples indigènes du Canada, du Pérou et de l’Ouganda. Comme ces peuples dépendent largement du sol pour s’approvisionner en nourriture et en eau, leur santé est particulièrement influencée par les changements climatiques. En fait, ils subissent déjà d’importants changements dus aux fluctuations des températures.
Des chasseurs inuits sont tombés dans les eaux de l’Arctique en raison de la fonte hâtive des glaces pendant qu’ils chassaient le phoque. Pour la première fois, on a vu des épidémies de malaria, une maladie transmise par les moustiques, chez les Pygmées batwa de l’Ouganda. Au Pérou, des vagues de froid intense jamais vues à ce jour, pouvant atteindre – 10 °C, ont causé une épidémie de pneumonie chez les peuplades shipibo et shawi, qui n’ont ni les vêtements ni les habitations nécessaires pour se protéger du froid.
De plus, sans compter les grands changements climatiques qui surviennent dans ces régions, dans chaque cas, de rapides changements économiques et sociaux se sont produits à la suite de l’extraction de ressources locales (minerais, forêts, pétrole, selon le pays), ce qui a un effet important sur le climat et la santé des populations indigènes.
Mais tout n’est pas que ruines et ténèbres. Aujourd’hui, une équipe multidisciplinaire formée d’universitaires de l’Ouganda, du Pérou et du Canada s’apprête à étudier les effets des changements climatiques sur la santé des groupes indigènes, et à identifier les facteurs pouvant les aider à s’adapter à certains de ces changements. Le projet sera dirigé par les professeurs James Ford et Lea Berrang-Ford du Département de géographie de l’Université McGill.
Ce projet de recherche vise des objectifs très concrets. L’un d’eux est de piloter une intervention par collectivité. Parmi les suggestions présentées, notons la plantation de jardins d’herbes médicinales en Ouganda, la création de bases de données en ligne, basées sur le Web, répertoriant le savoir traditionnel sur la santé dans l’Arctique, et la création de programmes de formation technique en agriculture au Pérou. Le but de ces interventions pilotes est de trouver des solutions pouvant aider ces collectivités et susceptibles d’être éventuellement élargies.
Plus de renseignements sur la recherche :
– La recherche est basée sur une approche « ascendante », c’est-à-dire en travaillant de près avec les populations indigènes et leurs organisations, plutôt que sur une approche « descendante » poussée par le climat et les modèles épidémiologiques.
– Lors des rencontres préliminaires, les groupes indigènes des trois pays ont répertorié deux sources importantes de préoccupation : la sécurité hydrique et alimentaire. Chez les groupes indigènes de l’Ouganda et du Pérou, les populations se préoccupent également des maladies à transmission vectorielle. Dans chacune de ces collectivités, les gens ont déclaré qu’ils étaient particulièrement inquiets des effets des changements climatiques sur la santé des enfants et des personnes âgées, deux groupes particulièrement vulnérables aux maladies.
– Dans les trois pays, les systèmes de santé en place combinent les techniques traditionnelles de guérison et la médecine allopathique occidentale. En fait, une recherche pilote effectuée au Pérou et en Ouganda a révélé que la médecine traditionnelle est la première réponse lorsque des membres de ces groupes sont aux prises avec des problèmes de santé.
– Un autre objectif est de former des chargés d’adaptation au sein de chacune des collectivités indigènes afin qu’ils puissent ultérieurement aider à atténuer les problèmes de santé des populations.
Le projet de recherche Adaptation de la santé indigène aux changements climatiques (mieux connu sous l’acronyme anglais IHACC) existe grâce à une subvention de 2,5 millions de dollars qui sera versée sur cinq ans; il est financé conjointement par le Centre de recherche pour le développement international et le conseil tripartite des Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines.
Pour de plus amples renseignements sur :
Adaptation de la santé indigène aux changements climatiques (IHACC)
Centre de recherche pour le développement international
http://www.idrc.ca/fr/ev-1-201-1-DO_TOPIC.html
Instituts de recherche en santé du Canada
http://www.cihr-irsc.gc.ca/f/193.html
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
http://www.nserc-crsng.gc.ca/index_fra.asp
Conseil de recherches en sciences humaines
http://www.sshrc-crsh.gc.ca/home-accueil-fra.aspx
Source : Katherine Gombay – Université McGill
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