Une recherche de l’Université Concordia fait le lien entre les hormones, l’attention et l’apprentissage
Manque d’énergie et troubles de concentration? La faute pourrait en être aux hormones selon les résultats d’une nouvelle recherche de l’Université Concordia publiée dans la revue Brain and Cognition. Cette étude révèle que des taux élevés d’œstrogènes sont associés à des troubles de l’attention et de l’apprentissage. Il s’agit du premier article à expliquer comment ces troubles peuvent être attribués à l’effet direct des hormones sur les structures cérébrales parvenues à maturité.
« Même si l’on sait que les œstrogènes jouent un rôle important dans l’apprentissage et la mémoire, cette question est loin de faire consensus, explique Wayne Brake, professeur adjoint au Centre d’études en neurobiologie comportementale de l’Université Concordia et auteur principal de cette étude. Grâce à un modèle bien établi d’apprentissage du nom d’inhibition latente, nos résultats montrent sans équivoque que des taux élevés d’œstrogènes inhibent la cognition chez les femelles rongeurs. »
Les taux d’œstrogènes augmentent chez la femme au moment de l’ovulation. Des études ont déjà montré que des taux élevés d’œstrogènes nuisaient à la faculté de concentration chez la femme.
« La similitude entre les études menées chez l’humain et nos résultats donne à penser que nous avons ici un bon modèle d’apprentissage humain, explique Matthew Quinlan, premier auteur de cette étude, ancien doctorant à Concordia et aujourd’hui chargé de cours à l’Université de Californie à San Bernadino. Les recherches sur les rongeurs nous sont très précieuses car nous pouvons tester les véritables contributeurs et leurs rôles respectifs dans ces systèmes. Il est par contre beaucoup plus difficile de mener le même type d’expérience chez l’humain. »
Inhibition latente : un modèle de l’apprentissage
L’inhibition latente s’observe chez de nombreuses espèces animales et elle est réputée jouer un rôle important dans l’apprentissage; elle permet notamment aux individus que nous sommes de traiter les informations que nous renvoie le monde extérieur. Le test de l’inhibition latente permet d’évaluer la manière dont le cerveau enregistre l’information.
Dans le protocole du professeur Brake, des rats ont été soumis à une phase pré-exposition dans le cadre de laquelle ils ont été exposés à une tonalité à répétition, sans conséquence. Une fois qu’ils ont été habitués à cette tonalité et qu’ils ont fini par l’ignorer, la dynamique du test a changé et un stimulus a été associé à la tonalité. Les rats dont le taux d’œstrogènes était faible ont rapidement fait le lien entre la tonalité et le nouveau stimulus, alors que ceux dont le taux d’œstrogènes était élevé ont mis plus de temps à enregistrer l’information.
« Nous n’avons observé cet effet que chez des rates adultes, explique le professeur Brake. Cette observation et d’autres résultats laissent penser que les œstrogènes agissent directement sur le cerveau, peut-être en interférant avec les molécules de signalisation dans le cerveau. Notre étude permet de lever la controverse sur les effets des œstrogènes. Reste à présent à caractériser leur mécanisme. »
Partenaires de recherche :
Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation et le Fonds de la recherche en santé du Québec.
À propos de l’étude :
L’article « Latent inhibition is affected by phase of estrous cycle in female rats », paru dans Brain and Cognition, est signé Matthew G. Quinlan, Andrew Duncan, Catherine Loiselle, Nicole Graffe et Wayne G. Brake de l’Université Concordia.
Sur le Web :
- Étude parue dans Brain and Cognition : http://tinyurl.com/29fufg7
- Université Concordia : www.concordia.ca
- Centre d’études en neurobiologie comportementale de Concordia : http://csbn.concordia.ca
Source : Sylvain-Jacques Desjardins, Conseiller principal, communications externes – Université Concordia
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