Realisable en 20 minutes en clinique externe sans anesthesie generale, cette technique se substitue avantageusement aux longues et couteuses chirurgies d’un jour
Une technique chirurgicale révolutionnaire pour traiter les perforations du tympan auprès des enfants et des adultes a été mise au point au CHU Sainte-Justine, affilié à l’Université de Montréal, par le Dr Issam Saliba, otorhinolaryngologiste (ORL) chirurgien et chercheur. De loin moins coûteuse mais tout aussi efficace que les techniques traditionnelles; cette nouvelle technique peut être réalisée en 20 minutes en clinique externe sur rendez-vous habituel avec un ORL, ce qui a pour effet de faciliter la tâche thérapeutique aux patients et aux parents, d’accroître l’accès à la chirurgie, de réduire considérablement les coûts et de désengorger les listes d’attente.
« Depuis cinq ans, j’ai opéré 132 jeunes patients en clinique externe au CHU Sainte-Justine à l’aide de cette technique, ainsi que 286 adultes en clinique externe au CHUM, précise le Dr Saliba. Peu importe la taille de la perforation, les résultats sont aussi bons qu’avec les techniques traditionnelles, avec l’avantage incomparable que les parents n’ont plus à perdre des journées complètes de travail, et que les enfants n’ont pas à manquer une dizaine de jours d’école non plus. »
La technique intitulée par le Dr Saliba « HAFGM » (Hyaluronic Acid Fat Graft Myringoplasty) nécessite uniquement du matériel de base comme un scalpel, une pince et un pic, une petite boîte d’acide hyaluronique, un petit prélèvement de gras derrière l’oreille et une anesthésie locale. Cette opération, réalisée en passant par le conduit de l’oreille, permet au corps de reconstruire lui-même complètement le tympan après une période moyenne de deux mois, ce qui permet au patient de recouvrer complètement l’ouïe et de prévenir les otites à répétition. Ne nécessitant aucune anesthésie générale, ni bloc opératoire, ni hospitalisation, cette technique rend la chirurgie accessible beaucoup plus rapidement, notamment hors des grands centres, et à coûts considérablement moindres.
« Avec les techniques traditionnelles, il faut s’inscrire sur des listes d’attente allant jusqu’à parfois 1 an et demi pour pouvoir être opéré. La myringoplastie selon la technique HAFGM réduit les temps d’attente, les coûts d’opération et le temps perdu par les parents et les enfants, d’autant plus qu’il contribue à désengorger les listes d’attente » explique le Dr Saliba.
Perforations du tympan et myringoplastie
La myringoplastie consiste en une chirurgie ayant pour but de réparer la membrane du tympan, perforée à la suite d’une infection ou d’un traumatisme, ou encore après la chute d’un tube de myringotomie. La réparation chirurgicale de la perforation tympanique va permettre au patient de recouvrer l’ouïe et de prévenir les infections de l’oreille à répétition, surtout après la baignade et la douche. Traditionnellement, ces chirurgies sont réalisées selon les techniques dites latérales et médiales, qui nécessitent une hospitalisation d’au moins une journée et un arrêt d’école et de travail de 10 jours à 15 jours. Chaque année, au Québec, il s’effectue en moyenne quelque 750 myringoplasties, patients enfants et adultes confondus.
Détails de l’étude
Cette toute première mondiale en chirurgie du tympan s’appuie sur les résultats d’une étude prospective réalisée sur une période de quatre ans auprès de 208 enfants et adolescents, dont 73 opérés selon la nouvelle technique HAFGM. L’étude a été publiée le 16 décembre 2011 dans la revue scientifique Archives of Otolaryngology – Head and Neck Surgery par le Dr Issam Saliba, otorhinolaryngologiste (ORL), chirurgien et chercheur au CHU Sainte-Justine, centre hospitalier affilié à l’Université de Montréal, où il est aussi professeur agrégé en otologie et neuro-otologie. Également chirurgien et chercheur au CHUM, le Dr Saliba a par ailleurs effectué une étude semblable en appliquant cette même technique HAFGM auprès de cohortes de patients adultes suivis entre 2007 et 2010, donnant lieu à une publication le 12 février 2011 dans la revue The Laryngoscope et à une autre publication le 20 août 2008 dans la revue scientifique Clinical Otolaryngology.
Source : William Raillant-Clark – Université de Montréal
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