(Agence Science-Presse) Doux comme l’agneau ou féroce comme le loup, chaque animal possèderait une personnalité propre. Et ce n’est pas parce qu’on est loup qu’on est forcément plus agressif… même s’il y a un avantage certain à l’être!
« Les populations animales présentent des variations de comportement entre individus. Des mammifères aux oiseaux, en passant par les reptiles, ce phénomène est généralisable jusqu’à l’homme », soutient même Denis Réale, chercheur au Groupe de recherche en écologie comportementale et animale (GRECA) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire du Canada en écologie comportementale.
Lors de sa récente conférence présentée au Cœur des sciences de l’UQAM, le chercheur a donné des exemples de variation du comportement animalier, du plus docile au plus agressif, révélant des bêtes moins stéréotypées, loin des contes pour enfants ou des fables de Lafontaine.
Le biologiste verserait-il dans l’anthropomorphisme? « La psychologie animale ne date pas d’hier. Mais ce type de recherches, assez récentes en écologie, aident à changer notre regard sur les animaux en leur reconnaissant une plus grande diversité de comportements. »
La raison du plus fort…
Hardi, timide, agressif ou docile, un trait de caractère dominant aurait pour caractéristique d’être constant dans le temps. Ainsi, lorsque l’environnement ou la situation change, l’animal le plus agressif demeure toujours plus agressif que les autres membres de son clan.
Ainsi, la femelle écureuil plus agressive est performante lorsqu’il y a abondance des ressources. Mais si la disponibilité de cônes d’épinettes, sa source principale de nourriture, venait à manquer, ce trait de caractère lui nuirait. En effet, les femelles moins agressives tireraient mieux leur épine du jeu. Les individus moins agressifs et plus généralistes s’adapteraient plus facilement à la crise. La raison du plus fort – ou, dans ce cas-là, du plus agressif — ne sera donc pas forcément la meilleure.
La reproduction du mouflon le prouve encore. Si les mâles les plus agressifs et fringants parviennent à se reproduire assez tôt – la maturité sexuelle s’établit à 4 ou 5 ans pour les mouflons — les plus dociles auront une bien meilleure longévité de reproduction. « Les plus agressifs auront une vie intense, mais vivront moins longtemps. »
Les moins agressifs, quant à eux, vivront plus longtemps et deviendront les gros mâles dominants mâtures aux cornes volumineuses dont les femelles sont friandes.
Qui va piano va sano… qui va lentement va sûrement, comme dit l’adage. Ce qui pourrait expliquer que l’évolution n’a pas favorisé la seule agressivité comme trait dominant d’une espèce, mais au contraire, a favorisé la pluralité des traits. Une chance pour les plus timides.
Source: Isabelle Burgun – ASP
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