Une première mappemonde suggère que les changements climatiques auront une forte incidence
sur les populations qui en sont les moins responsables
Les chercheurs ont l’habitude d’étudier la migration de différentes espèces végétales et animales en réaction aux changements climatiques. Maintenant, Jason Samson, doctorant au Département de sciences des ressources naturelles de l’Université McGill, fait preuve d’innovation en utilisant les mêmes outils analytiques pour mesurer l’incidence des changements climatiques sur les populations humaines. Monsieur Samson et ses collègues chercheurs ont combiné des données relatives aux changements climatiques à des recensements couvrant près de 97 pour cent de la population mondiale, afin de prévoir les migrations éventuelles des populations locales, et ce, jusqu’en 2050.
L’équipe de Jason Samson a découvert que, si les populations continuent de croître aux rythmes prévus, les personnes susceptibles d’être les plus vulnérables aux changements climatiques seront celles habitant les régions chaudes de basse latitude, comme notamment le centre de l’Amérique du Sud, la péninsule arabique et la majeure partie de l’Afrique. Dans ces endroits, une augmentation relativement peu élevée de la température aura des conséquences graves sur la capacité à soutenir une population en croissance. « Il apparaît logique que les régions tropicales de basse latitude soient plus vulnérables, parce que les gens qui y vivent subissent déjà des conditions de température extrêmement élevée, ce qui met l’agriculture en danger. Une augmentation de la température au cours des prochaines décennies rendra leur vie plus difficile à plusieurs égards », a déclaré monsieur Samson.
Cela tranche avec les prédictions du chercheur quant à l’incidence des changements climatiques chez les populations humaines habitant des zones plus tempérées de haute latitude, où l’on prévoit un changement de climat plus important. L’étendue des populations humaines et de leurs activités étant déjà restreinte en raison des conditions plus froides qui y prévalent, les chercheurs prévoient que les changements climatiques auront une incidence moindre sur ces habitants.
L’étude relève également la présence d’injustices flagrantes en ce qui a trait aux causes et aux conséquences des changements climatiques : on prévoit que les pays ayant le moins contribué aux changements climatiques, contribution calculée selon la moyenne d’émissions de dioxyde de carbone par personne, sont néanmoins ceux qui souffriront le plus de leur incidence. « Examinons la Somalie, par exemple », propose Jason Samson. « Le climat y étant extrêmement chaud, ce pays éprouve déjà de grandes difficultés à se nourrir, et cela deviendra encore plus difficile si la température augmente. Il est par ailleurs évident que la Somalie ne participe pas de manière importante à l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Aujourd’hui, grâce à cette carte, nous possédons une preuve quantitative concrète de la disparité entre les causes et les conséquences des changements climatiques à l’échelle des pays. »
Monsieur Samson estime que ces données pourraient être utiles aux décideurs des quatre coins du monde dans le cadre des négociations internationales en cours sur les changements climatiques.
La recherche a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Source: Katherine Gombay – Université McGill
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