Biodiversité : Une étude récente révèle que la diversité des espèces est plus importante, pour les services écosystémiques, qu’on ne le croyait auparavant
Le recul de la biodiversité à l’échelle mondiale fait craindre un déclin des services que les écosystèmes fournissent aux populations, notamment sur le plan de la production alimentaire, du stockage de carbone et de l’épuration de l’eau. Cependant, à ce jour, il a été impossible d’établir clairement si quelques-unes seulement ou un grand nombre des espèces présentes dans un écosystème sont essentielles à la prestation de services écosystémiques.
En compilant les données découlant de 17 des expériences les plus vastes et les plus longues en matière de biodiversité, des chercheurs universitaires de partout en Amérique du Nord et en Europe ont constaté que les études antérieures avaient sous-estimé l’importance de la biodiversité quant au maintien de divers services écosystémiques, et ce, pendant de nombreuses années et à de nombreux endroits.
« Dans la plupart des cas, les études antérieures ne tenaient uniquement compte que du nombre d’espèces nécessaires à la prestation d’un service, selon un ensemble de conditions ambiantes précises », affirme le professeur Michel Loreau, du Département de biologie de l’Université McGill, qui a supervisé l’étude.« Selon ces travaux, de nombreuses espèces semblaient redondantes. Autrement dit, il semblait que la disparition de bon nombre d’espèces n’aurait aucune incidence sur le fonctionnement d’un écosystème, leur perte pouvant être compensée par d’autres ».
Aujourd’hui, en examinant les espèces végétales des prairies, des chercheurs ont constaté que la plupart des espèces étaient importantes, au moins une fois, pour le maintien des services écosystémiques. En effet, divers ensembles d’espèces étaient importants selon l’année, le lieu, les services et le scénario de changement global (p. ex. changement climatique et évolution de l’utilisation des sols). En outre, les espèces nécessaires pour fournir un service pendant plusieurs années n’étaient pas les mêmes que celles essentielles à la prestation de services multiples pendant une seule année.« Autrement dit, la biodiversité est encore plus importante qu’on ne le croyait auparavant pour le maintien des services écosystémiques », déclare M. Forest Isbell, auteur et chercheur principal de l’étude. « Nos résultats indiquent que de nombreuses espèces sont essentielles au maintien des services écosystémiques à plusieurs époques et endroits dans un monde en perpétuel mouvement, et que les espèces sont moins redondantes qu’on ne le croyait ».
Les chercheurs qui participent à l’étude offrent également des recommandations en ce qui concerne l’utilisation de ces résultats pour hiérarchiser les efforts de conservation et prévoir les conséquences de la disparition d’espèces.« Il est bon de savoir quels groupes d’espèces ont favorisé le fonctionnement des écosystèmes selon des centaines d’ensembles de conditions ambiantes », affirme M. Isbell,« car cela nous permet de déterminer si certaines espèces assurent souvent des services écosystémiques selon des conditions ambiantes actuellement courantes, ou selon des conditions qui seront de plus en plus courantes à l’avenir ». Cependant, Michel Loreau, de l’Université McGill, ajoute une mise en garde : « Nous devons faire preuve de prudence lorsque nous formulons des prévisions. Compte tenu de l’incertitude relative à l’évolution future de l’environnement, nous aurions peut-être intérêt à conserver la biodiversité le plus possible, à titre préventif ».
La recherche a financée par une Subvention à la découverte du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada et par le Programme des chaires de recherche du Canada.
Pour consulter l’article dans la publicationNature:http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature10282.html
Source : Katherine Gombay – Université McGill
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