Une nouvelle étude de l’Université de Montréal évalue l’usage et l’innocuité des médecines parallèles
Près de 13 % des parents se tournent vers la médecine parallèle pour traiter l’asthme de leurs enfants selon une nouvelle étude de l’Université de Montréal. Publiés récemment dans la Revue canadienne de pneumologie, les résultats de cette étude suggèrent que cette tendance s’accompagne d’un taux deux fois plus élevé de mauvais contrôle de l’asthme chez l’enfant.
« Des études antérieures ont montré que près de 60 % des parents croient que les médecines parallèles et complémentaires peuvent être utiles dans le traitement de l’asthme », explique Francine M. Ducharme, auteure principale de cette étude, professeure à l’Université de Montréal, pédiatre et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. « Pourtant, des études bien conçues n’ont pas permis de démontrer que les thérapies comme l’acupuncture, l’homéopathie, la médecine chiropratique ou la phytothérapie, sont efficaces dans le traitement de l’asthme. Les parents n’ont peut-être pas conscience des risques qui leur sont associés, notamment les réactions indésirables qu’elles peuvent induire, leurs interactions possibles avec les médicaments conventionnels prescrits contre l’asthme, sans compter que le recours à ce type de thérapie retarde l’instauration d’un traitement efficace et son observance. Nos résultats confirment que les enfants qui bénéficient de thérapies parallèles ou complémentaires sont deux fois plus susceptibles que les autres de présenter un asthme mal contrôlé. »
Plus de 2 000 enfants évalués
Près de 2 000 familles venues consulter au Centre de l’asthme de l’Hôpital de Montréal pour enfants pour une visite initiale ont été invitées à remplir des questionnaires. Les parents indiquaient s’ils avaient recours à une thérapie parallèle sous quelque forme que ce soit pour soulager l’asthme de leur enfant et en préciser le type. Les questionnaires ont également permis de recueillir des données sur la santé, les caractéristiques démographiques des patients, la sévérité de leur asthme et son contrôle.
Les résultats montrent que sur une période de huit ans, le recours aux thérapies parallèles est resté stable autour de 13%, un taux cinq fois inférieur à celui observé aux États-Unis. L’étude met également en lumière des corrélations entre le recours aux médecines parallèles ou complémentaires et l’âge de l’enfant (âge préscolaire), son origine ethnique (asiatique), le caractère épisodique de l’asthme et le mauvais contrôle de l’asthme. Les thérapies parallèles les plus souvent utilisées sont les compléments vitaminés, l’homéopathie et l’acupuncture.
« La plupart de ces enfants qui reçoivent ces traitements sont âgés de moins de six ans, explique la professeure Ducharme. Ce constat est d’autant plus préoccupant que rien ne prouve que ces traitements soient efficaces et que les enfants d’âge préscolaire présentent plus de crises d’asthme nécessitant une consultation aux urgences que ceux des autres groupes d’âge. Notre étude rappelle aux parents qu’il n’y a pas de preuve scientifique qui suggère que les thérapies parallèles et complémentaires soient efficace dans le traitement de l’asthme. De plus, elles peuvent nuire à l’efficacité d’un traitement conventionnel et ils doivent en discuter avec leur médecin. Cette étude sert aussi de rappel aux professionnels de la santé de demander aux patients s’ils ont recours à ce type de traitement, surtout si l’asthme n’est pas bien contrôlé, et de leur proposer dans ce cas des conseils adaptés. »
À propos de l’asthme
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des poumons dont la prévalence a augmenté sensiblement au cours des dernières décennies. En 2009, l’asthme a causé près de 250 000 décès dans le monde. Toutefois, moyennant un traitement personnalisé, y compris l’administration de bronchodilatateurs et de corticoïdes inhalés, tous les enfants peuvent mener une vie normale.
Les symptômes de l’asthme se caractérisent par de la toux, une respiration sifflante, une oppression dans la poitrine et un essoufflement. Ces symptômes peuvent être réduits en évitant les facteurs déclenchants tels que les allergènes et les substances irritantes.
Partenaires de recherche :
Cette étude a été financée par une subvention de l’American Pediatric Society, Society for Pediatric Research et le National Institute of Child Health and Human Development (États-Unis).
Sur le Web :
Revue canadienne de pneumologie :
http://www.pulsus.com/journals/journalHome.jsp?origPg=journalHome.jsp&jnlKy=4&/home.htm&&HCtype=Physician
Université de Montréal :
www.umontreal.ca
Centre hospitalier de l’Université de Montréal :
www.chumtl.qc.ca
Source: Université de Montréal
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