Près de 40 % des désinfectants commerciaux utilisés pour nettoyer les surfaces seraient inefficaces pour éliminer les norovirus, un groupe de virus responsable de plus de la moitié des éclosions de gastroentérite d’origine alimentaire. Selon une étude publiée en mars 2010 par des chercheurs de l’Université Laval dans la revue scientifique Journal of Food Protection, seuls les désinfectants à base d’eau de Javel parviennent à diminuer radicalement l’abondance de ces virus.
Les norovirus se propagent par contact direct avec les personnes infectées ou de façon indirecte par l’entremise d’objets, d’aliments ou de surfaces souillés. L’efficacité du désinfectant utilisé pour le nettoyage des surfaces, à la maison ou dans les entreprises du secteur bioalimentaire, est donc cruciale pour limiter la propagation de ces virus qui affectent chaque année plus de 21 millions de personnes aux États-Unis seulement.
L’équipe de chercheurs dirigée par la professeure Julie Jean, de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, a testé l’efficacité de trois grandes catégories de désinfectants domestiques pour éliminer les norovirus : les produits à base d’eau de Javel, ceux à base d’alcool et les désinfectants à base d’ammonium quaternaire.
Les tests effectués en laboratoire ont montré qu’un contact d’une durée de cinq minutes avec un désinfectant à base d’eau de Javel abaisse par un facteur 1000 la concentration de norovirus présents sur une surface en acier inoxydable. Les désinfectants à base d’alcool ou d’ammonium quaternaire se sont révélés 100 fois moins efficaces.
« Nos résultats sont particulièrement inquiétants si on considère que les désinfectants à base d’alcool ou d’ammonium constituent près de 40 % des nettoyants commerciaux pour surface disponibles sur le marché », souligne la professeure Jean, qui est également chercheuse à l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF).
L’équipe de Julie Jean a également découvert qu’il faut à peine dix minutes aux norovirus humains pour s’attacher fermement à une surface d’acier inoxydable. « Une fois fixés, ces virus peuvent survivre pendant plusieurs semaines et poser un risque de contagion pour les personnes qui les touchent. Et il est fort probable que les résultats obtenus avec des surfaces d’acier inoxydable s’appliquent également aux autres matériaux », conclut la professeure Jean.
Outre Julie Jean, les cosignataires de cette étude sont Maryline Girard et Solange Ngazoa, de l’INAF, et Kirsten Mattison, de Santé Canada.
Source: Jean-François Huppé – Université Laval
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