TURIN, Italie (AP) — Le pape Benoît XVI a célébré dimanche matin la messe à Turin où il a vénéré dans l’après-midi le Saint Suaire, considéré par de nombreux chrétiens comme le linceul de Jésus-Christ, même si des scientifiques estiment que ce linge est un faux fabriqué au Moyen-Age.
Sous un ciel gris, le chef de l’Eglise catholique a célébré une messe en plein air devant quelque 25.000 fidèles dans la capitale du Piémont.
Dans l’après-midi, le souverain pontife a visité la cathédrale où est exposé le Saint Suaire, se recueillant et priant silencieusement quelques minutes devant le linceul. Il a enveloppé la dépouille « d’un homme crucifié, en pleine adéquation avec ce que l’Evangile nous dit de Jésus », a noté Benoît XVI. Ce linceul reflète le plus profond « mystère de la foi », celui de la crucifixion et de la résurrection, selon le pape.
Le Saint Suaire est l’une des reliques les plus importantes du christianisme. Présenté sous une vitrine climatisée pare-balles, il devrait attirer plus de deux millions de pèlerins et de curieux durant son ostension qui a commencé le 10 avril et doit durer jusqu’au 23 mai, selon les estimations de l’Eglise.
C’est la première fois depuis 2000 que la toile de lin de plus de quatre mètres sur un est exposée au public. Elle a été restaurée en 2002: les bouts d’étoffe que des nonnes françaises avaient ajouté au XVIe siècle pour la réparer après un incendie ont été enlevés, et les marques de plis ont été lissés.
En ouverture de la messe dimanche, l’archevêque de Turin, le cardinal Severino Poletto, a évoqué « ce linge sacré qui parle de façon impressionnante de la Passion du Christ ».
Le suaire porte une marque évoquant un homme crucifié, avec des traces de sang au niveau des mains et des pieds. Les croyants pensent que l’image du Christ s’est imprimée dans les fibres au moment de sa résurrection. C’est le sang d’un homme « fouetté, couronné d’épines, crucifié et blessé », a déclaré Benoît XVI. « Chaque trace de sang parle d’amour et de vie », a-t-il dit.
Le pape s’est cependant gardé d’affirmer qu’il s’agissait sans aucun doute du linceul de Jésus-Christ et le Saint-Siège ne revendique pas son authenticité.
Une chercheuse vaticane, qui a étudié le linceul grâce à des travaillées par ordinateur, dit avoir découvert une inscription qui prouverait selon elle que le linge a servi à envelopper le corps de Jésus après sa crucifixion.
Toutefois, d’autres scientifiques se réfèrent aux analyses au carbone-14 réalisées sur des fractions de l’étoffe, qui indiquent qu’elle a été tissée au XIIIe ou au XIVe siècles. Certains estiment qu’il ne s’agit pas forcément d’un faux et que les échantillons auraient pu être contaminés; ils réclament une nouvelle analyse.
Lorsque le pape Jean-Paul II s’était recueilli devant le Saint Suaire en 1998, il avait souligné que son mystère soulevait des questions sur la foi et la science. L’Eglise n’a « pas de compétence spécifique pour se prononcer sur ces questions », avait-il déclaré, en préconisant de poursuivre les recherches.
Mgr Giuseppe Ghiberti, qui préside la commission de l’archidiocèse de Turin sur le Saint Suaire, a fait savoir que le Vatican pourrait envisager une nouvelle série d’analyses après la fin de l’ostension le 23 mai.
Source: AP / NouvelObs
Laisser un commentaire