Les mouches du vinaigre ont besoin de dormir pour avoir des souvenirs selon deux études. La plupart des animaux dorment mais ce comportement fait partie des rares dont le but reste encore un mystère. L’hypothèse de « l’homéostasie synaptique » propose que le sommeil soit important car il permet aux neurones de relaxer les connexions établies au cours de la journée quand le cerveau en éveil apprend et s’adapte à un environnement toujours changeant. Cet apprentissage renforce les connexions entre neurones appelées synapses mais ce processus ne peut se poursuivre indéfiniment car il consomme de l’énergie, de l’espace et d’autres ressources cérébrales. Deux nouvelles études chez la mouche du vinaigre viennent étayer cette hypothèse.
Daniel Bushey et ses collègues se sont penchés sur trois groupes de neurones et ils ont trouvé que dans tous les cas la taille et le nombre des synapses augmentaient après quelques heures d’éveil mais diminuaient seulement si les mouches pouvaient dormir. Une vie plus riche en expériences dans une grande enceinte éclairée où les insectes pouvaient explorer et interagir avec les autres menait à une croissance plus forte des synapses et à un besoin accru de sommeil. Les auteurs montrent aussi que le gène Fmr1, essentiel pour le développement cognitif et à l’origine du syndrome de l’X fragile lorsqu’il est muté, joue un rôle important dans la relaxation synaptique qui se produit au cours du sommeil. Dans une étude distincte, Jeffrey Donlea et ses collègues montrent qu’ils peuvent faire dormir les mouches à volonté en activant une partie de leur cerveau appelée le corps en éventail dorsal et en augmentant la température ambiante. Les chercheurs ont aussi fait faire un exercice à des mouches qui les conditionne à supprimer leur rituel d’accouplement en présence d’un autre type de mouches avec lesquelles elles ne peuvent se reproduire. Cet effet est temporaire mais durait au moins deux jours chez les mouches qui étaient mises en sommeil pendant quatre heures après l’exercice. Les auteurs estiment que cela conforte l’hypothèse que le sommeil est nécessaire pour renormaliser les synapses après l’éveil, bien que la manière dont cela se produit reste encore inconnue.
Source : Natasha Pinol – AAAS
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