Les raisons pour lesquelles la thérapie médicamenteuse à la dopamine, utilisée pour soulager les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson, peut parfois avoir des effets indésirables sur la cognition ont été identifiées par Dr Oury Monchi, Ph. D. en modélisation neuronale et responsable de l’axe Neuroscience et vieillissement au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) affilié à l’Université de Montréal, et Dre Penny A. MacDonald, neurologue et fellow postdoctorale au laboratoire du Dr Monchi, dans le cadre d’une étude clinique dont les résultats viennent d’être publiés dans Brain: A journal of neurology. C’est la deuxième fois en trois mois que Brain publie les résultats de l’un des chercheurs de l’IUGM.
« Notre étude permet de comprendre l’effet des médicaments à base de dopamine sur les déficits cognitifs reliés à la maladie de Parkinson. Le striatum est la région du cerveau la plus affectée par la perte de dopamine dans cette maladie. Celui-ci est divisé en plusieurs parties et si, dans la maladie de Parkinson, la partie dorsale est très endommagée, le striatum ventral est quant à lui relativement préservé, du moins dans les premières phases de la maladie. Or, nous avons observé que si les fonctions du striatum dorsal sont améliorées avec la thérapie dopaminergique, le tout se fait au détriment du striatum ventral qui, lui, subit une surdose de dopamine, ce qui compromet son bon fonctionnement », de déclarer Dr Monchi.
Jusqu’à maintenant, l’effet de la médication dopaminergique sur les déficits cognitifs observés dans la maladie de Parkinson était controversé. L’objectif de cette recherche était de faire le point sur cette question. Elle a combiné des séries de tâches en laboratoire et la neuroimagerie médicale, ce qui a permis aux chercheurs de distinguer clairement les fonctions cognitives spécifiques aux striatum dorsal et ventral et d’ainsi éclaircir la question.
« La thérapie médicamenteuse à la dopamine est le meilleur traitement à ce jour pour contrôler les symptômes moteurs de la maladie. Elle peut toutefois avoir des effets négatifs sur des aspects précis de la cognition chez certains patients. Notre découverte nous permettra donc d’explorer d’autres avenues thérapeutiques, médicamenteuses ou non, qui pourront aider les personnes atteintes dans la globalité de leur maladie. Ces résultats pourraient contribuer au développement de la médecine personnalisée qui est maintenant une avenue à étudier avec beaucoup d’attention », d’expliquer Dre MacDonald.
Résumé de la recherche
Vingt-deux personnes atteintes de Parkinson sans démence ainsi que vingt-deux personnes en santé ont participé à la première partie de l’étude (comportementale) et treize jeunes adultes en santé ont participé à la deuxième partie de l’étude (neuroimagerie). Chaque participant devait essayer de faire des liens à répétition (288 fois) entre des chiffres afin de savoir par exemple lequel était plus grand que l’autre. Lors de ces opérations, parfois ils ne recevaient aucun renforcement et parfois ils étaient influencés par différents indices facilitant la réponse (une fonction généralement associée au striatum dorsal) ou la rendant plus difficile par interférence (associée au striatum ventral). Dans le cas des personnes atteintes de Parkinson, l’expérience s’est tenue en présence ou non de leur médication habituelle. Les tâches de sélection ont été validées par résonance magnétique fonctionnelle qui permettait de voir l’activité cérébrale lors des exercices. Les résultats ont démontré que les médicaments dopaminergiques induisaient de meilleurs résultats pour les conditions liées à l’interférence (striatum dorsal) tandis qu’ils empiraient les résultats pour les conditions liées à la facilitation (striatum ventral).
La maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus répandue après la maladie d’Alzheimer. Elle débute habituellement entre 45 et 70 ans. Pour une raison encore inconnue, les cellules qui produisent la dopamine, un produit chimique qui transmet les signaux vers le striatum, meurent. Puisque la dopamine régit notamment les mouvements, on voit alors apparaître les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Cette dernière se manifeste alors par un tremblement au repos, des troubles du tonus et une akinésie (incapacité de faire certains mouvements volontaires simples). Ces manifestations affectent également la cognition et l’humeur pouvant aller jusqu’à la dépression. Selon Santé Canada, on estime qu’un Canadien âgée de 60 ans ou plus sur cent est atteint de cette maladie. Les coûts directs et indirects associés dépasseraient 450 millions de dollars par année.
Les auteurs aimeraient remercier pour leur soutien la Fondation de l’IUGM ainsi que les Instituts de recherche en santé du Canada.
Source : William Raillant-Clark – Université de Montréal
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