Deux études suggèrent que les insectes migrateurs, comme les oiseaux, s’aideraient du champ magnétique terrestre pour atteindre au plus vite leur destination.
Les papillons qui migrent du nord de l’Europe vers le bassin méditerranéen à l’automne –et dans le sens inverse au printemps- ne se laissent pas balader par les vents dominants. Selon une étude originale sur la migration des lépidoptères, ces insectes savent très bien profiter des vents les plus rapides pour voyager, tout en corrigeant leur destination si le vent ne souffle pas dans la bonne direction.
L’équipe de Jason Chapman (Rothamsted Research, BBSRC, G-B) a déployé des radars pour détecter le passage des papillons migrateurs à plusieurs centaines de mètres d’altitude. Ces chercheurs britanniques ont concentré leur étude sur trois espèces nocturnes et une espèce diurne. L’un de ces papillons nocturnes voyage à plus de 400 mètres d’altitude. Les insectes migrateurs se déplacent en moyenne à 54 km/h mais peuvent faire des pointes à 90 km/h lorsque les vents sont très rapides.De fait ces papillons voyagent beaucoup plus vite que ne leur permet leur constitution. Un gain de temps indispensable au regard de leur courte durée de vie. Pour accélérer, les migrateurs se servent des vents d’altitudes. En quelques nuits ils ont atteint leur destination. Au printemps, les vents dominants soufflent vers le nord, soulignent les chercheurs, ce qui facilite le trajet des papillons. En revanche à l’automne ils sont orientés vers l’est. Les insectes corrigent leur trajectoire, ont observé les chercheurs, ce qui implique qu’ils connaissent leur destination et qu’ils ont les moyens de s’orienter.
Un modèle utilisé en météorologie pour la dispersion de particules dans l’atmosphère a permis de confirmer que la route des papillons migrateurs n’est pas la simple direction du vent. D’après ces modélisations comparant le déplacement d’une particule inerte et celui d’un papillon, le migrateur parcours 40% de kilomètres en plus, grâce à la correction de sa trajectoire.
Ces résultats, publiés par la revue Science du 05 février, suggèrent que les papillons possèdent une ‘boussole’ interne. Une autre étude, publiée fin janvier par la revue Nature (AOP), pourrait apporter un début d’explication.
L’équipe de Steven Reppert (University of Massachusetts, E-U) a étudié la fonction d’une protéine photoréceptrice présente chez des insectes et chez les vertébrés, notamment dans l’œil des oiseaux migrateurs: le cryptochrome. Chez les monarques, des papillons qui voyagent près de 4.000 km entre l’Amérique du Nord et le Mexique, le cryptochrome permet de détecter le champ magnétique terrestre lorsqu’il est activé par une lumière bleue. Très étudié chez les oiseaux migrateurs, le cryptochrome pourrait également jouer un rôle crucial dans l’orientation des insectes migrateurs.
Source : Cécile Dumas – Sciences-et-Avenir.com
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