La suppression des mares salines en bordure des routes dissuaderait les orignaux friands de sel à traverser celles-ci
Montréal, le 17 mai 2011 – Les routes de campagne peuvent se révéler dangereuses pour les grands cervidés et les automobilistes. On estime en effet que des millions de véhicules entrent en collision avec des orignaux, des élans et des caribous en Amérique du Nord et en Europe chaque année. Les orignaux, en particulier, s’aventurent au bord des routes afin de lécher le sel de déglaçage.
La quête de ces animaux – les plus imposants de la famille des cervidés, le mâle pouvant atteindre 720 kg – pour combler leurs besoins en sel pose un sérieux problème à la sécurité des automobilistes et à la sauvegarde de leur véhicule. C’est pourquoi un groupe de chercheurs canadiens s’est penché sur les façons d’encourager ces gros mammifères à se tenir loin des voies de circulation.
Les orignaux peuvent très bien se rappeler les mares salines qu’ils ont visitées les années précédentes, explique l’auteur principal de l’étude, Paul D. Grosman, dans son étude publiée dans la revue Ecological Modelling.
« Lorsque vient le temps de satisfaire leurs besoins en sel, les orignaux vont directement à une mare saline, précise M. Grosman, qui est étudiant à la maîtrise au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de l’Université Concordia. La concentration de sodium y est de deux à trois fois plus élevée que dans les plantes aquatiques. Cependant, la fréquentation de ces mares augmente de 80 % la probabilité de collision entre orignaux et véhicules. »
Pour éviter de tels accidents, la meilleure solution consiste à supprimer complètement les mares salines, souligne M. Grosman, avant d’ajouter : « Si on crée des mares de compensation, elles doivent être situées aussi loin que possible des routes, soit à plus de 500 mètres. »
M. Grosman a mené son étude avec des professeurs de Concordia, Jochen A.G. Jaeger et Pascale M. Biron, ainsi qu’avec des collègues de l’Université du Québec à Rimouski et du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. L’équipe de recherche a examiné la partie de la réserve faunique des Laurentides située entre Québec et Saguenay, qui a la particularité d’être traversée par deux routes.
Pendant trois ans, à l’aide d’un système de localisation GPS, l’équipe a suivi 47 orignaux marqués tandis qu’ils se déplaçaient, se reposaient et se nourrissaient. Un groupe de contrôle de 40 cervidés animés par ordinateur a servi de point de comparaison.
L’équipe a testé différents scénarios, dont la suppression systématique des mares salines et la création de mares de compensation. Si certains orignaux devraient alors marcher jusqu’à 10 km pour étancher leur soif de sel, 79 % n’auraient toutefois plus à traverser de route pour le faire.
« La stratégie de gestion la plus efficace consiste à éliminer toutes les mares salines sans pour autant créer de mares de compensation. Ainsi, les orignaux n’auront d’autres choix que de se tourner de nouveau vers les plantes aquatiques pour satisfaire leurs besoins en sel », affirme M. Grosman. Ce dernier explique au passage que le clôturage des autoroutes et la construction de passages souterrains pour la faune, par exemple, constituent des mesures de sécurité plus coûteuses.
Du 24 au 27 mai 2011, MM. Jaeger et Grosman participeront au colloque « Routes et faune terrestre : de la science aux solutions » à Québec. Information : www.uqar.ca/routes-faune-terrestre
Partenaires de recherche :
Cette étude a été financée par le ministère des Transports du Québec, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, l’Université du Québec à Rimouski, le Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et la bourse d’études supérieures commémorative J. W. McConnell.
À propos de l’étude :
L’étude, intitulée Trade-off between road avoidance and attraction by roadside salt pools in moose: An agent-based model to assess measures for reducing moose-vehicle collisions, publiée dans la revue Ecological Modelling, a été corédigée par Paul D. Grosman, Jochen A.G. Jaeger et Pascale M. Biron de l’Université Concordia, Christian Dussault du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec et Jean-Pierre Ouellet de l’Université du Québec à Rimouski.
Liens connexes :
- Étude citée : http://bit.ly/lSumfc
- Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de Concordia : http://gpe.concordia.ca
- Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec : www.mrnf.gouv.qc.ca
- Université du Québec à Rimouski : www.uqar.ca
Source : Sylvain-Jacques Desjardins – Université Concordia
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