Une recherche montre que des mutations perturbent la communication entre les cellules cérébrales
Des mutations dans un groupe de gènes associés à l’activité cérébrale sont fréquemment à l’origine de la déficience intellectuelle, selon une étude menée par des chercheurs affiliés à l’Université de Montréal et au Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. La déficience intellectuelle est un handicap grave qui touche 1 % à 2 % des enfants dans le monde. Elle peut souvent être attribuée à des causes génétiques, mais les gènes spécifiques concernés sont encore largement méconnus.« Tous les gènes que nous avons identifiés jouent un rôle important dans les synapses nerveuses, c’est à dire dans les structures qui permettent aux cellules cérébrales de transférer rapidement l’information, explique le Dr Jacques Michaud, auteur principal de cette étude. Ces résultats indiquent que, dans ce cas précis, la déficience intellectuelle est causée par une perturbation de la communication entre les cellules nerveuses. »
Certaines formes de déficience intellectuelle s’accompagnent de malformations physiques révélatrices d’anomalies génétiques majeures. Toutefois, certaines formes de déficience ne sont associées à aucune caractéristique physique manifeste.
« Nous avons concentré notre recherche sur des patients présentant une déficience intellectuelle non syndromique », explique le professeur Michaud. Avec ses collègues du Projet S2D (Synapse to Disease Project), le Dr Michaud a analysé l’ADN de patients pour identifier des mutations non héritées mais nouvelles, ou mutations de novo. Ils ont ainsi étudié 197 gènes synaptiques et identifié des mutations de novo chez 10 des 95 patients. D’autres études ont permis de montrer que ces mutations affectaient la communication entre les cellules nerveuses, ce qui a conduit l’équipe à conclure qu’au moins deux tiers de ces mutations sont une cause indéniable de déficience intellectuelle.
« Ces résultats vont dans le même sens que ceux que nous avons obtenus dans le cadre de recherches antérieures et qui montrent que les mutations de novo jouent un rôle important dans différents troubles comme l’autisme et la schizophrénie », explique le professeur Guy Rouleau, coauteur de cette étude. « Notre étude démontre qu’une grande proportion des cas de déficience intellectuelle est d’origine génétique, mais non héréditaire. Ces résultats permettront d’améliorer le diagnostic », a ajouté Fadi Hamdan, également coauteur de cette étude.
À propos de l’étude
L’étude « Excess of De Novo Deleterious Mutations in Genes Associated with Glutamatergic Systems in Nonsyndromic Intellectual Disability » a été publiée dans l’American Journal of Human Genetics et a bénéficié d’une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada. Les professeurs Michaud, Rouleau et Hamdam sont rattachés au Centre d’excellence en neuromique de l’Université de Montréal (CENUM) et au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. Le professeur Rouleau est directeur du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et rattaché également à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Source: William Raillant-Clark – Université de Montréal
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