Des abeilles sont capables de faire la distinction entre des visages humains et d’autres motifs visuels, faisant preuve d’une forme d’abstraction malgré leur petit cerveau, selon une étude publiée vendredi.
Ce qui ne signifie pas que des abeilles peuvent reconnaître l’apiculteur, même sans voilette protectrice, met en garde Martin Giurfa, directeur du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Paul Sabatier) à Toulouse (France).
Un trait vertical pour le nez, deux points bien placés pour les yeux, un trait horizontal pour la bouche: tout être humain reconnaît un visage. Les abeilles aussi sur ce type de dessins stylisés comme sur des photographies.
« Nous montrons qu’elles ont la capacité d’intégrer différents éléments, par exemple un trait vertical, deux points, un trait horizontal, pour créer une configuration« , une « catégorie visage« , distincte de toute autre image associant points et traits ou montrant des éléments de visage dans le désordre, a expliqué à l’AFP M. Giurfa.
Intrigué par une précédente étude conduite par Adrian Dyer (Monash University, Australie) montrant que des abeilles semblaient reconnaître des visages humains, il a cherché à vérifier si elles n’avaient pas seulement été attirées par des taches noires ou d’autres signes.
Avec sa collègue Aurore Avargues-Weber, il a entraîné des abeilles à reconnaître le dessin stylisé d’un visage, avec une gouttelette de solution sucrée pour celles s’arrêtant devant la bonne image.
Confrontées ensuite à des photographies de visages plus ou moins détaillés, les abeilles ont su identifier les visages, selon l’étude publiée dans le Journal of Experimental Biology.
Sans avoir dans leur mini-cerveau l’aire « fusiforme » spécifique pour la reconnaissance des visages, existant chez les primates dont l’homme, les abeilles peuvent « arriver à des résultats similaires« , relève M. Giurfa, soulignant la faculté d’abstraction de « cerveaux bien plus primitifs« .
« De là à dire que les abeilles reconnaissent un visage humain, je m’en garderais« : elles ont plutôt, dit-il, cru s’être « posées sur des fleurs bizarres sur lesquelles elles ont eu une goutte de nectar« .
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