De nouvelles molécules d’ARN peuvent trouver et pénétrer dans des cellules infectées par le virus du sida tout en laissant de côté les cellules saines indique une nouvelle étude chez des souris transplantées avec un système immunitaire humain. Cette découverte suggère un traitement alternatif pour les patients infectés par le VIH qui ne répondent pas aux thérapies classiques. Les petits ARN inhibiteurs ou ARNsi sont des courtes molécules d’ARN double brin capables d’interférer avec l’expression d’un gène spécifique. Malgré leur aptitude à cibler précisément des cellules et des molécules, les ARNsi ont montré un succès limité en tant qu’agents thérapeutiques. En effet, injectés dans l’organisme, les ARNsi ont tendance à être détruits dans le sang, mettant parfois même en branle le système immunitaire. Maintenant, John Rossi et ses collègues ont accru l’efficacité des ARNsi en les attachant à l’extrémité de petites molécules appelées aptamères faits aussi d’ARN. L’association marche alors comme un missile téléguidé, l’aptamère étant la partie assurant le guidage vers les cellules infectées, la liaison à l’enveloppe virale et la libération de sa charge destructive, le ARNsi. L’aptamère peut aussi aider à éliminer le virus circulant dans le sang. Fixé à l’aptamère, le ARNsi agit en dégradant un élément clé du génome du VIH, le gène tat/rev, ce qui permet de bloquer la réplication virale chez la souris.
Les souris ne peuvent pas être infectées par le VIH aussi sont-elles moins utiles que les primates non-humains dans les recherches contre le virus du sida. Rossi et ses collègues ont néanmoins réussi à les recruter en leur transplantant des cellules souches du sang humaines, de sorte qu’elles sont devenues porteuses de sang et d’un système immunitaire humain. Ces animaux ont ensuite été infectés par le VIH jusqu’à ce qu’ils fabriquent énormément de virus, même si tous les aspects de la maladie n’étaient pas reproduits. Puis l’équipe a montré que la seule injection des molécules d’aptamères avec ARNsi a entraîné une chute de la concentration en VIH dans le sang et qu’ensuite une injection par semaine a permis de complètement protéger les souris contre le déclin des lymphocytes T responsable de l’apparition des symptômes du sida. Les molécules d’aptamères avec ARNsi devant être injectées, les chercheurs espèrent formuler un dosage où une seule injection par mois suffirait pour les patients. De plus, comme les aptamères peuvent être mélangés et associés à d’autres ARNsi, cette approche paraît beaucoup plus rapide et souple que de trouver de nouvelles substances contre la cible toujours variable que constitue le VIH.
Source: Natasha Pinol – American Association for the Advancement of Science
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