De nouveaux restes humains fossiles datant d’environ 1 million d’années ont été découverts en décembre 2010 en Erythrée, en Afrique orientale, par le « Buya International project » durant une campagne de fouilles paléo-anthropologiques et géo-paléontologiques. Cette découverte confirme le rôle central du bassin sédimentaire de Buya, situé dans la dépression dancalienne de l’Afar, pour la reconstruction d’une phase tout à fait particulière de l’histoire naturelle du genre Homo.
Dans la zone de Mulhuli-Amo où furent retrouvés en 1995 les restes bien préservés de Homo erectus-ergaster du spécimen UA-31, une équipe composée de chercheurs du Musée national Erythréen d’Asmara, de l’Université « La Sapienza » de Rome, de l’Université de Florence, de l’Université de Padoue, de l’Université de Turin, du musée national de Préhistoire de Rome, du CNRS et du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (1), a identifié d’autres restes d’un représentant de la même espèce.
Le 13 décembre dernier, l’équipe a confirmé la richesse de ce gisement fossilifère du Pléistocène inférieur grâce à la découverte de plusieurs fragments d’un crâne adulte composés d’une portion de l’os frontal avec le torus supra-orbitaire et une partie de l’orbite. C’est leur morphologie particulière qui en a permis l’attribution préliminaire au taxon Homo ergaster, la version africaine de Homo erectus.
Le site est toujours intact et, grâce à des fouilles systématiques, les prochaines campagnes de terrain permettront une meilleure connaissance des contextes chronologiques et environnementaux et, vraisemblablement, la découverte de nouveaux restes humains.
Cette découverte jette une nouvelle lumière et ouvre des nouvelles perspectives sur une période fondamentale mais souvent méconnue de l’évolution humaine. En effet, les chemins évolutifs qui ont abouti à l’apparition de nos ancêtres directs et, finalement, à l’émergence de la forme sapiens, trouvent leurs racines dans cette période. Malheureusement, les restes humains de cette époque disponibles à ce jour sont très rares même en Afrique et, à l’exception de ceux de Buya et du crâne de Daka (en Ethiopie), ils sont souvent très fragmentaires.
La zone de Mulhuli-Amo s’est révélée être extrêmement riche en outils lithiques acheuléens, une centaine d’entre eux ayant été trouvés autour du nouveau site. De nombreux restes fossiles d’éléphants, d’hippopotames, de rhinocéros, de buffles, d’antilopes de différentes tailles, de crocodiles, tortues, varans et serpents leur sont associés. Dans son ensemble, ce registre témoigne de la riche biodiversité qui caractérisait cet environnement lorsque les dépôts se sont formés. A l’époque, Homo erectus africain vivait dans un environnement humide subtropical et cette zone aujourd’hui si inhospitalière était alors celle d’une région lacustre.
Le CNRS et le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris ont apporté leur soutien financier et humain à la dernière campagne de terrain du « Buya International Project », réalisée dans le cadre des « Grandes Fouilles Archéologiques » de l’Université romaine « La Sapienza ».
Notes :
(1) Roberto Macchiarelli, paléoanthropologue, Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire UMR 7194 (CNRS/ Muséum national d’Histoire naturelle)
Clément Zanolli, Etudiant inscrit en thèse à l’Ecole doctorale du Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire du Museum UMR 7194 (CNRS/ Muséum national d’Histoire naturelle)
Source: communiqué de presse du CNRS
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