La Russie est associée au programme international de déchiffrage du protéome (*) humain, suite logique du programme du même type consacré au génome, rapporte le site nkj.ru.
La première étape du « Protéome humain », un projet international tout à fait nouveau pour la science russe, a été dévoilée par l’académicien Alexandre Artchakov, directeur de l’Institut de recherche de chimie biomédicale Orekhovitch. Il a présenté un rapport sur ce sujet lors de la conférence « Diagnostic moléculaire 2010 ».
L’organisme humain compte 26.000 gènes. Les molécules protéiniques sont jusqu’à une centaine de fois plus nombreuses : nos cellules en contiennent environ un demi-million, et dans le plasma sanguin on répertorie plus de deux millions de types différents de protéines. Cela s’explique par le fait qu’un même code génétique peut synthétiser des dizaines de variantes différentes d’une protéine, chacune d’entre elles se présentant sous diverses formes.
Il est fréquent qu’un même génome s’incarne sous des formes tout à fait différentes. C’est ainsi qu’une chenille et un papillon ont des génomes semblables et des protéomes tout à fait différents. La composition des protéines (le protéome) d’un même être humain se modifie continuellement en fonction de l’âge. De même, une personne malade et une personne en bonne santé n’ont pas le même protéome. Le protéome est une sorte d’incarnation de l’information génétique dans les systèmes fonctionnels concrets intracellulaires. Et la détermination des différentes structures de chaque molécule dans un ensemble protéinique complexe constitue l’une des principales tâches dont doit s’acquitter le projet « Protéome humain ».
Il a été décidé que chaque pays participant à ce projet devrait déterminer les protéines codées par tel ou tel chromosome. L’homme possède 22 paires de chromosomes (autosomes) et une paire de chromosomes sexuels (gonosomes). La Russie s’est vu confier l’étude du protéome du chromosome 18. Les chercheurs russes impliqués dans ce projet devront « scanner » une trentaine de milliers de protéines codées par les 286 gènes de ce chromosome. C’est à des anomalies du chromosome 18 que sont liées des affections telles que la maladie de Parkinson, la schizophrénie, le diabète, l’hépatite B, ou le cancer colorectal. La détermination des protéines du chromosome 18 permettra de fixer les normes de la composition des protéines chez les sujets en bonne santé et de créer de nouveaux systèmes de diagnostic des différentes affections, en premier lieu les affections oncologiques.
L’ancien Président américain Bill Clinton a déclaré un jour que le déchiffrage du génome de l’homme était pour la médecine d’une importance comparable à ce qu’avait été pour la chimie la découverte du système périodique. Il avait assurément raison. Le volume du marché du génome se chiffre déjà, aujourd’hui, à un billion de dollars par an. A titre de comparaison, le volume annuel du marché pharmaceutique ne dépasse pas les 800 milliards. Autrement dit, les résultats de la recherche fondamentale sont devenus un produit autant demandé sur le marché que les préparations médicamenteuses.
Qu’apportera à la science médicale et à l’industrie la réalisation du programme « Protéome humain » ? Premièrement, lors du processus d’étude des structures et propriétés des protéines, les chercheurs auront affaire à des concentrations très faibles, ce qui signifie que, inévitablement, verront le jour ou voient déjà le jour de nouvelles technologies de découverte de molécules uniques de protéines. C’est très important pour l’établissement d’un diagnostic précoce de nombreuses affections. En second lieu, l’identification de la structure des protéines impulsera la mise au point de nouveaux médicaments agissant de manière spécifique sur les différents systèmes protéiniques à l’intérieur de la cellule vivante.
Alexandre Artchakov estime que la participation de la Russie au projet international « Protéome humain » lui permettra, à égalité avec les autres pays, de bénéficier des fruits de la recherche fondamentale afin de développer ses propres industries pharmaceutique, médicale et biotechnologique.
(*) Le protéome est l’ensemble des protéines exprimées dans une cellule, une partie d’une cellule, ou un groupe de cellules dans des conditions données et à un moment donné, explique, en substance le site wikipedia.fr. Ce terme provient de la contraction de protéine et génome, le protéome étant aux protéines ce que le génome est aux gènes. Alors que ces derniers codent des instructions, les protéines les exécutent pour assurer le fonctionnement cellulaire.
Source: RIA Novosti
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