Des enregistrements réalisés dans les 24 heures suivant la naissance révèlent des parties du cerveau qui ne réagissent qu’à sa voix
La voix d’une mère activera de préférence les parties du cerveau responsables de l’apprentissage linguistique, déclarent des chercheurs de l’Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. L’équipe de chercheurs a fait la découverte après avoir réalisé des enregistrements électriques sur des nouveau-nés dans les 24 heures qui ont suivi leur naissance. Les signaux cérébraux révèlent que, bien que les nouveau-nés réagissent effectivement à la voix d’autres femmes, ces sons n’activent que les parties du cerveau responsables de la reconnaissance de la voix. « C’est une recherche stimulante qui prouve pour la première fois que le cerveau du nouveau-né réagit vivement à la voix de la mère et qui indique, scientifiquement parlant, que la voix de la mère est spéciale pour les bébés », a déclaré la chercheuse principale, la professeure Maryse Lassonde, du Département de psychologie de l’Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.
L’exploration cérébrale n’avait jamais été réalisée sur des participants aussi jeunes. « Nous avons fixé des électrodes sur la tête de 16 bébés pendant leur sommeil », a expliqué madame Lassonde. « Nous avons ensuite demandé à leur mère d’émettre un bref son de la voyelle « A », comme dans le mot « allô ». Nous avons ensuite répété l’exercice avec l’infirmière qui a amené le bébé au laboratoire. Quand la mère a parlé, les scintigrammes ont très clairement indiqué des réactions dans l’hémisphère cérébral gauche, et particulièrement dans le circuit du traitement linguistique et verbomoteur. À l’inverse, quand l’étrangère a parlé, c’est l’hémisphère cérébral droit qui a réagi. L’hémisphère droit est associé à la reconnaissance vocale. »
Le langage bébé, ou la voix spéciale qu’utilise la mère pour communiquer avec son enfant, est reconnu scientifiquement. Les chercheurs en ont tenu compte en faisant appel à une infirmière qui est elle-même une mère, et ils ont aussi contré le facteur de « nouveauté » en organisant des rencontres entre la mère et l’infirmière à intervalles réguliers avant la naissance. Finalement, une analyse du langage a été effectuée pour assurer que la voix de la mère et celle de l’autre femme se ressemblaient suffisamment.
On savait déjà très bien que les bébés possèdent certaines capacités linguistiques innées, mais les chercheurs ne font que commencer à comprendre en quoi elles consistent et comment elles fonctionnent. Par exemple, quand un bébé entend le son « A », sa bouche prendra la forme nécessaire pour imiter ce bruit, même s’il n’a jamais vu personne prononcer ce son. « Cette recherche confirme que la mère est l’initiatrice principale du langage et suggère qu’il existe un lien neurobiologique entre l’acquisition prénatale du langage et les compétences motrices nécessaires pour parler », a déclaré madame Lassonde. La recherche a été publiée dans Cerebral Cortex et a reçu du financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, de la Fondation canadienne pour l’innovation et du programme des Chaires de recherche du Canada.
Renseignements supplémentaires :
Département de psychologie de l’Université de Montréal
Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Source: William Raillant-Clark – Université de Montréal
Laisser un commentaire