Ayant reçu un coup de hache à la tête, le capitaine Trevor Greene ne devait pas survivre à son évacuation jusqu’à l’hôpital. Quatre ans plus tard, son épouse Debbie et lui travaillent avec un scientifique du CNRC afin de suivre la reconnexion de son cerveau grâce à l’IRM.
Son histoire a bouleversé le Canada entier : en mars 2006, le capitaine Trevor Greene, soldat qui œuvrait a nouer des liens pacifiques avec les peuplades afghanes, a retiré son casque en signe de respect pour les anciens du village qu’il rencontrait ce jour-là et a sauvagement été attaqué par derrière à la hache par un adolescent de 16 ans. La lésion cérébrale était si grave qu’on ne pensait pas que le blessé survivrait à son évacuation sanitaire vers l’hôpital. On avait prévenu sa fiancée Debbie, devenue par la suite son épouse, qu’il pourrait bien ne plus jamais sortir du coma.
Ce ne fut pas le cas. Trevor Greene prouva que les experts avaient tort, se rétablissant d’une manière remarquable, sans précédent, de son traumatisme. Il réalise présentement des progrès étonnants pour retrouver l’usage de ses membres inférieurs et supérieurs, que contrôle la zone du cerveau endommagée lors de l’agression. À présent, les Canadiens sont profondément émus par le récit de son rétablissement, qu’alimentent l’espoir, la détermination et des efforts acharnés.
Ce périple a lancé l’ancien militaire dans une nouvelle carrière de conférencier-motivateur et d’auteur, avec la rédaction d’un livre sur son expérience en chantier. Debbie et lui sont récemment devenus les partenaires de recherche de Ryan D’Arcy, un scientifique du CNRC spécialiste de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et de Stephen Lindsay, psychologue de la cognition à l’Université de Victoria. Ensemble, ils examinent le fonctionnement du cerveau en processus de guérison.
Leurs recherches remettent en question les convictions ancrées depuis longtemps sur la manière dont l’encéphale guérit et sur la nature des traitements à privilégier. En effet, la sagesse traditionnelle était qu’il existe un laps de temps très court, immédiatement après le traumatisme, durant lequel il peut y avoir rétablissement. Ce qu’il y a de remarquable dans le cas de Trevor Greene est que celui-ci réalise des progrès énormes quatre ans après l’incident. « Il nous prouve que les chances de guérison du cerveau sont nettement plus grandes que ce que la médecine classique prédit, et cela, beaucoup plus longtemps après une lésion », déclare M. D’Arcy.
La détermination et des efforts acharnés entraînent le succès
Depuis 2006, les Greene sont devenus des spécialistes en réadaptation, une activité à temps plein en ce qui les concerne. Ils ont transformé leur garage en gymnase et font au moins deux heures et demie d’exercice presque chaque jour. Le couple doit beaucoup à la physiothérapeute Bonnie Lamley, qu’ils surnomment « celle qui murmure à l’oreille des quadriplégiques », et à l’ergothérapeute Lila Mandziuk.
« Bonnie lit le corps de Trevor comme si c’était le sien », affirme Debbie Greene. Cette attention constante aux exercices répétitifs et la détermination inébranlable de Trevor sont vraisemblablement à l’origine des progrès incroyables qu’il réalise.
Un outil thérapeutique : l’imagerie mentale
Quand Ryan D’Arcy et Stephen Lindsay ont rencontré pour la première fois les Greene et Lila Mandziuk, en mai 2010, ils ont dressé la liste des principales fonctions qu’il faudrait suivre par IRM, les Greene suggérant le genre d’exercices auxquels on pourrait recourir. Naturellement, la liste incluait les mouvements des jambes et des bras, mais Trevor en a ajouté un plutôt original. Il souhaitait qu’on vérifie son activité cérébrale pendant qu’il s’imaginait en train de faire de l’aviron, sport qu’il a pratiqué jusqu’à un niveau compétitif.
Le programme de recherche dure deux ans, avec des examens IRM trimestriels qui révéleront la réorganisation du cerveau de Trevor. Jusqu’à présent, les images IRM (la première a été prise en mai 2010 et la seconde, en août) présentent des différences remarquables. « On constate des distinctions massives dans l’activité des régions du cerveau existantes, explique M. D’Arcy. Le plus encourageant est que de nouvelles zones prennent la relève pour faire fonctionner les bras et les jambes. »
Entre mai et août, en suivant un programme d’exercices rigoureux, Trevor, qui se tenait à peine debout au début, réussit à le faire pendant 30 minutes le troisième mois. Constater que son cerveau renouvelle ses connexions confirme la pertinence de ce programme d’exercice. Fait intéressant, quand Trevor s’imagine en train de ramer, son cerveau fait appel aux mêmes régions motrices que celles qui entrent en action quand il bouge réellement, ce qui est précisément ce qu’on observe chez les athlètes de haut niveau qui évoquent couramment des images mentales durant leur entraînement. À vrai dire, Trevor déclare que s’imaginer en train de ramer l’épuise physiquement, comme s’il ramait vraiment. Ceci montre qu’on pourrait soigner le cerveau en faisant simplement appel à l’imagerie mentale.
Partager les résultats
Debbie affirme que son mari et elle ont été incités à travailler avec MM. D’Arcy et Lindsay parce que ces recherches peuvent « aider Trevor et d’autres personnes souffrant d’une lésion cérébrale ». Diffuser largement les résultats parmi les médecins sera un objectif important de ce programme de recherche, qui met en évidence les preuves physiologiques objectives voulues pour qu’on explore de manière plus approfondie les moyens employés par le cerveau pour se rétablir.
À plus longue échéance, ces travaux pourraient déboucher sur de nouvelles normes en réadaptation et changer les échéanciers pour les personnes atteintes d’une lésion ou d’un trouble au cerveau. En suivant les changements qui surviennent dans l’encéphale, l’IRM pourrait aussi devenir un outil puissant qui orientera les onéreux et laborieux programmes de réadaptation fonctionnelle, et en accroîtra l’efficacité. Il est effectivement heureux que Debbie et Trevor œuvrent sur le front, distillant espoir et motivation pour d’autres personnes affectées, avec des résultats quantifiables pour le prouver.
Source: CNRC
http://www.nrc-cnrc.gc.ca/eng/dimensions/index.html
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