Une nouvelle étude de l’Université de Montréal montre que les adeptes de la méditation zen pensent moins à la douleur
La méditation zen présente de nombreux bénéfices pour la santé, dont celle d’atténuer la sensibilité à la douleur. Selon les résultats d’une étude menée à l’Université de Montréal, si les adeptes de la méditation ressentent bel et bien la douleur, ils y pensent cependant beaucoup moins que leurs homologues. Les résultats de cette étude, publiés dans le numéro de novembre de Pain, pourraient avoir des retombées sur la prise en charge de la douleur chronique occasionnée par exemple par l’arthrite, les maux de dos ou le cancer.
« Nos recherches antérieures ont montré que les adeptes de la méditation zen ont une moins grande sensibilité à la douleur. L’objectif de cette étude était de déterminer comment ils y parvenaient , explique Pierre Rainville, directeur de cette étude et chercheur à l’Université de Montréal et à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, nous avons démontré que même si les adeptes de la méditation ont conscience de la douleur, cette sensation n’est pas traitée dans la zone du cerveau responsable de l’évaluation, du raisonnement ou de la formation de la mémoire. Nous pensons qu’ils ressentent bel et bien les sensations douloureuses, mais qu’ils abrègent le processus en s’empêchant d’interpréter ou d’étiqueter les différents stimuli comme douloureux. »
Entraîner le cerveau
Pierre Rainville et ses collègues ont comparé la réponse à des stimuli douloureux d’origine thermique de 13 adeptes de la méditation zen à celle de 13 autres sujets ne pratiquant pas la méditation. Leur perception respective de la douleur a été mesurée et comparée avec les données recueillies par lRM fonctionnel. Les adeptes les plus expérimentés de la méditation zen ont présenté des réponses plus basses à la douleur et une diminution de l’activité cérébrale dans les zones du cerveau responsables de la cognition, de l’émotion et de la mémoire (à savoir le cortex préfrontal, l’amygdale et l’hippocampe). Les chercheurs ont également observé une diminution de la communication entre la zone du cerveau qui ressent la douleur et le cortex préfrontal.
« Nos résultats ouvrent de nouvelles perspectives sur le fonctionnement du cerveau , explique Joshua Grant, auteur principal de l’étude et doctorant à l’Université de Montréal. Ces résultats remettent en question les concepts actuels du contrôle mental, censé s’obtenir par un effort ou une activité cognitive croissante. Nous pensons, à l’inverse, qu’il est possible d’autoréguler ces processus de manière plus passive en «neutralisant » les zones du cerveau qui, dans ce cas, sont normalement impliquées dans le traitement de la douleur. »
« Ces résultats laissent penser que les adeptes de la méditation zen pourraient avoir acquis l’aptitude de neutraliser certains processus cérébraux supérieurs tout en continuant de ressentir les stimuli , explique Pierre Rainville. Cette aptitude pourrait avoir des conséquences profondes et étendues sur la régulation de la douleur et des émotions et sur le contrôle cognitif. Ce comportement correspond bien à l’état d’esprit du zen et à la notion de pleine conscience. »
À propos de l’étude :
L’article « A non-elaborative mental stance and decoupling of executive and pain-related cortices predicts low pain sensitivity in Zen meditators » est signé Joshua A. Grant, Jérôme Courtemanche et Pierre Rainville de l’Université de Montréal
Partenaires de la recherche :
Cette étude a été financée par une bourse du Mind and Life Institute et l’appui des Instituts de la recherche en santé du Canada à Joshua Grant.
Sur le Web :
- Pain : http://www.sciencedirect.com/science/journal/03043959
- Université de Montréal : www.umontreal.ca
- Institut universitaire de gériatrie de Montréal : www.iugm.qc.ca/_home
Source: Julie Gazaille – Université de Montréal
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