Le gouvernement nippon vient de lancer un projet ambitieux de centrale solaire spatiale qui pourrait voir le jour aux alentours de 2030.
Cela ressemble à un scénario à la James Bond, type GoldenEye. Sauf que les intentions de ce projet futuriste sont hautement pacifiques. Le Japon a décidé de construire, à l’horizon 2030, une centrale électrique spatiale, à même de capter l’énergie émise par le Soleil et de la reémettre sur Terre par faisceau laser ou micro-ondes.
L’affaire est si sérieuse que le gouvernement japonais vient de désigner, au terme d’un appel d’offres lancé cet été, le consortium d’entreprises et d’organismes de recherche qui sera chargé de développer ce dispositif révolutionnaire. On y trouve le géant de l’énergie et du spatial nippon Mitsubishi Heavy Industries, allié pour la circonstance à l’Institut de recherches sur les engins spatiaux inhabités, une organisation qui regroupe 17 sociétés dont les groupes d’électronique Mitsubishi Electric, NEC, Fujitsu et Sharp. Le tout sous la houlette de l’Agence spatiale japonaise (Jaxa), qui planche sur le sujet depuis les années 1970.
L’idée consiste à placer en orbite géostationnaire, soit à 36 000 kilomètres de la Terre, un satellite bardé de panneaux photovoltaïques chargés de convertir l’énergie solaire en électricité. Celle-ci sera ensuite transformée en faisceau laser ou micro-ondes pour être acheminée vers la Terre où elle sera captée par une gigantesque antenne parabolique avant d’être retransformée en électricité.
«Puisqu’il s’agit d’une forme d’énergie propre et inépuisable, nous pensons que ce système peut contribuer à résoudre les problèmes d’insuffisance énergétique et de réchauffement climatique de la Terre dû aux gaz à effet de serre», ont expliqué à l’AFP des chercheurs de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) qui rappellent que «la lumière du Soleil abonde dans l’espace».
Un ensoleillement permanent
De fait, la quantité d’énergie disponible y est de huit à dix fois supérieure que sur la croûte terrestre. À cette altitude, les rayons du Soleil ne sont occultés ni par l’atmosphère ni par les nuages tandis que l’absence de nuit et de saisons garantit un ensoleillement constant et permanent. Du coup, la production d’énergie solaire devient pérenne, à l’instar du nucléaire, et non plus intermittente comme c’est le cas à la surface de la Terre.
Plusieurs étapes intermédiaires sont prévues avant l’éventuelle mise sur orbite, vers 2030, d’une centrale solaire de 1 000 MW (l’équivalent d’un réacteur nucléaire) capable de produire de l’électricité au tarif compétitif de 0,06 euro par kilowattheure, soit environ six fois moins qu’aujourd’hui.
«Techniquement, c’est réalisable, commente l’ancien spationaute Jean-Jacques Favier, aujourd’hui responsable de la prospective au Centre national d’études spatiales (Cnes). Mais le coût est prohibitif, car cela suppose d’envoyer des tonnes de matériel dans l’espace. Ensuite, la transmission par laser ou micro-ondes pose problème en termes de perte énergétique lors de l’entrée dans l’atmosphère et de sécurité pour les populations et l’environnement.» En revanche, poursuit M. Favier, «un tel dispositif permettrait d’alimenter avantageusement en électricité, mais avec une puissance beaucoup plus faible comprise entre 100 kW et 1 MW, une future base lunaire ou martienne».
Source : Marc Mennessier – Le Figaro.fr
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