Depuis douze ans, l’évapotranspiration montre un net ralentissement au niveau mondial et cette tendance pourrait avoir un impact négatif sur les écosystèmes et les ressources en eau. C’est ce que montre une étude internationale parue dans Nature le 21 octobre 2010, à laquelle ont participé des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ).
L’évapotranspiration – l’évaporation de l’eau à la surface des terres et la transpiration(1) des plantes – est un élément fondamental du cycle de l’eau et du système climatique. La régulation de la quantité d’eau dans l’atmosphère et la dynamique du climat y sont étroitement liées. C’est également un facteur déterminant de la disponibilité en eau des sols pour la consommation humaine et pour la croissance des plantes.
Dans le cadre du réseau Fluxnet(2), coordonné à l’échelle internationale et auquel participent des chercheurs du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), une estimation de l’évolution de l’évapotranspiration globale a été réalisée. Pour cela, les scientifiques ont combiné des mesures sur une grande variété d’écosystèmes (à partir de « tours à flux » permettant la mesure directe des flux de chaleur et d’humidité), des observations satellitaires et des modèles d’écosystèmes. Les résultats montrent que l’évapotranspiration a augmenté de façon régulière de 1982 (date des premières mesures par satellite) à 1997, d’environ 7,1 millimètres par an par décennie. « Lorsque la température augmente, l’atmosphère est capable de contenir une plus grande quantité de vapeur d’eau ; c’est ce qui explique l’augmentation de l’évapotranspiration au cours de cette période », commente Nicolas Viovy, chercheur CEA au LSCE.
Mais depuis 1998, les chercheurs observent un net ralentissement de l’évapotranspiration, particulièrement visible dans l’hémisphère sud, surtout en Afrique et en Australie, ce qui semble consécutif à l’important évènement El Niño de 1998. La température continuant à augmenter, cette baisse de l’évapotranspiration de près de 8 mm par an sur la décennie pourrait être due à une limitation de l’eau disponible dans les sols au cours des dix dernières années.
Si, d’après les auteurs, il est trop tôt pour dire si ce changement de l’évapotranspiration est d’origine naturelle ou dû aux activités humaines, cette tendance pourrait néanmoins avoir un impact important sur les écosystèmes vulnérables, sur les ressources en eau et sur l’interaction de ce phénomène avec le climat.
Notes :
(1) La transpiration des plantes correspond à l’eau évaporée à la surface des feuilles et transitant à travers les plantes.
(2) Fluxnet est un réseau international de tours à flux micrométéorologiques qui utilisent la méthode « eddy covariance » pour mesurer les échanges de dioxyde de carbone (CO2), de vapeur d’eau et d’énergie entre les écosystèmes terrestres et l’atmosphère.
Références :
Recent decline in the global land evapotranspiration trend due to limited moisture supply, Martin Jung, Markus Reichstein, Philippe Ciais, Sonia I. Seneviratne, Justin Sheffield, Michael L. Goulden, Gordon Bonan, Alessandro Cescatti, Jiquan Chen, Richard de Jeu, A. Johannes Dolman,Werner Eugster, Dieter Gerten, Damiano Gianelle, Nadine Gobron, Jens Heinke, John Kimball, Beverly E. Law, Leonardo Montagnani, Qiaozhen Mu, Brigitte Mueller, Keith Oleson, Dario Papale, Andrew D. Richardson, Olivier Roupsard, Steve Running, Enrico Tomelleri, Nicolas Viovy, Ulrich Weber, ChristopherWilliams, Eric Wood, Sönke Zaehle et Ke Zhang, Nature, 21 octobre 2010.
Source: communiqué de presse du CNRS
Laisser un commentaire