Une équipe du laboratoire « Origine, structure, évolution de la biodiversité » (Muséum national d’Histoire naturelle / CNRS), dirigée par Géraldine Véron, vient de montrer grâce aux techniques de biologie moléculaire, qu’il existerait sur le sous-continent asiatique plusieurs espèces de civette palmiste (petit mammifère de la famille des Viverridae) jusqu’à présent regroupées sous une seule et même espèce. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication « on line » dans le Journal of Biogeography.
La civette palmiste commune (Paradoxurus hermaphroditus) est une espèce de petit carnivore de la famille des Viverridae, nocturne et arboricole, vivant principalement dans les forêts tropicales d’Asie. Elle est connue pour être à l’origine du café le plus cher au monde, le café indonésien ‘Kopi Luwak’ puisque les grains de café sont supposés avoir transité dans le tube digestif de l’animal. Appelée ‘hermaphrodite’ du fait de la présence de glandes périnéales présentes aussi bien chez le mâle que chez la femelle, qui rendait la distinction des sexes confuse.
La systématique de cette espèce était confuse, mais les récents travaux de cette équipe du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS en systématique moléculaire montrent qu’il existerait en fait plusieurs espèces de civettes au sein de ce taxon en Asie du Sud-est, réparties sur trois zones géographiques différentes.
Une des espèces de civette palmiste vivrait dans la région indienne jusque dans la partie nord de l’Asie du sud-est, et serait proche parente de la civette palmiste de Jerdon (Paradoxurus jerdoni), endémique du sud de l’Inde, et de la civette palmiste dorée (Paradoxurus zeylonensis), endémique de Sri Lanka. Une seconde espèce vivrait en Asie du sud-est, tandis qu’une troisième se trouverait uniquement à Bornéo et aux Philippines. Les civettes palmistes endémiques des îles indonésiennes des Mentawai (Paradoxurus hermaphroditus lignicolor), îles situées au sud de Sumatra, se rapprocheraient de celles vivant à Bornéo et aux Philippines, plutôt que de celles de Sumatra, malgré la proximité de cette île.
La systématique de cette espèce de civette supposée commune et bien connue, est, de ce fait, à revoir complètement avec la séparation en au moins trois espèces. Ces résultats sont mis en relation par les auteurs avec les événements climatiques des quelques derniers millions d’années, ayant provoqué plusieurs modifications du niveau des mers et des changements de végétation, qui ont pu isoler des populations de civettes.
Plus récemment, des transports de civettes par l’homme peuvent s’ajouter aux événements anciens pour expliquer la répartition géographique de l’espèce.
Si l’espèce P. hermaphroditus est considérée comme de préoccupation mineure par l’IUCN, la découverte de ces nouveaux taxons nécessitera une réévaluation de statut, tout particulièrement pour les civettes endémiques des îles Mentawai.
Références :
Patou M.-L., Wilting, A., Gaubert, P., Esselstyn, J.A., Cruaud, C., Jennings, A.P., Fickel, J., Veron, G. 2010. Evolutionary history of the Paradoxurus palm civets – a new model for Asian biogeography. Journal of Biogeography. Published online: 5 AUG 2010. DOI: 10.1111/j.1365-2699.2010.02364.x.
Source: communiqué de presse du CNRS
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