Jusqu’à présent, une seule espèce d’esturgeon était connue en France : l’esturgeon européen. Nathalie Desse-Berset, archéozoologue au CNRS (1), vient de démontrer, pour la première fois, qu’une autre espèce, auparavant inconnue sur le territoire national, avait peuplé les eaux françaises : l’esturgeon atlantique. Cette espèce se trouvait dans la zone atlantique française à la fin du Néolithique, il y a 5 000 ans, et y prospérait encore 3 000 ans plus tard. De plus, une cohabitation entre esturgeons européen et atlantique existait à cette époque sur certains sites. Cette découverte s’avère d’une importance capitale pour les programmes de réintroduction des esturgeons dans les fleuves européens. Publiés mi-décembre dans les Comptes-rendus de l’Académie des sciences, ces résultats initient de nouvelles recherches en archéozoologie mais également en paléoécologie et paléogénétique, afin d’obtenir des informations complémentaires sur ces populations en voie d’extinction dans toute l’Europe.
En France, l’esturgeon est le plus grand poisson qui migre en rivière pour se reproduire, tout en effectuant l’essentiel de sa croissance en mer. C’est aussi l’un des poissons les plus menacés en Europe : il n’en resterait que quelques dizaines à quelques centaines d’individus. Du fait de la surpêche, des barrages, de la pollution et d’autres facteurs préjudiciables à l’espèce, il a connu une forte régression depuis le début du XXe siècle. Aujourd’hui au bord de l’extinction, il a disparu de la plupart des fleuves européens. En France, il est encore observé au niveau de l’estuaire de la Gironde, près de Bordeaux. Sa pêche y est interdite depuis 1982. Des actions de recherche ont été initiées dès la fin des années 1970, et un plan de restauration est en cours en France. Afin de le développer correctement, il est primordial de connaître les espèces originelles (autochtones).
Seul l’esturgeon d’Europe (Acipenser sturio) est à ce jour recensé en France. Toutefois, d’autres espèces pourraient avoir été présentes par le passé et avoir disparu aujourd’hui. Pour les identifier, les scientifiques s’appuient notamment sur les inventaires, les textes historiques et les collections des muséums. Mais ces sources d’information ne sont pas toujours très fiables. Dans le cas d’espèces disparues, les ossements issus de fouilles archéologiques représentent les témoins les plus sûrs. C’est pourquoi Nathalie Desse-Berset, archéozoologue au CNRS, s’est spécialisée dans l’étude morphologique des restes d’esturgeons. Elle a ainsi étudié des vestiges provenant de plusieurs sites archéologiques, notamment de la façade atlantique (île d’Oléron, estuaire de la Gironde, Vendée). Elle les a comparés aux squelettes de sa collection de référence, qui comporte des esturgeons européens provenant de la Gironde mais aussi des esturgeons atlantiques pêchés au Canada.
Sa conclusion est sans équivoque : une seconde espèce d’esturgeon, l’esturgeon atlantique (Acipenser oxyrinchus), a été attestée sur la façade atlantique française à plusieurs périodes, de la Préhistoire au 2e siècle après J.-C.. Plus précisément, l’île d’Oléron et l’estuaire de la Gironde hébergeaient deux espèces d’esturgeon à la fin du Néolithique, il y a 5 000 ans : l’esturgeon atlantique et l’esturgeon européen. Ces espèces ont cohabité en France durant au moins 3 000 ans. La présence d’une autre espèce d’esturgeon est ainsi, pour la première fois, avérée en France. Aujourd’hui disparue sur le territoire français, cette espèce fréquente de nos jours les côtes atlantiques nord-américaines.
Cette découverte livre des informations capitales pour les programmes de réintroduction des esturgeons en France. Elle soulève également de nombreuses questions sur l’histoire du peuplement des esturgeons. Grâce à ces nouveaux résultats, des recherches archéozoologiques sont initiées par Nathalie Desse-Berset sur l’ensemble du territoire national. De plus, des études en paléoécologie et paléogénétique (ADN mitochondrial et nucléaire) vont être menées, afin d’apporter des précisions sur la diversité génétique de ces populations récemment éteintes.
Photo ci-dessus :
a. Écusson dorsal d’un esturgeon atlantique moderne provenant du Canada.
b. Écusson dorsal d’un esturgeon atlantique provenant de Ponthezières (île d’Oléron) et datant du Néolithique final
Notes :
(1) Elle travaille au Centre d’études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (CEPAM, Université de Nice / CNRS).
Références :
First archaeozoological identification of Atlantic sturgeon (Acipenser oxyrinchus Mitchill 1815) in France. Nathalie Desse-Berset. Comptes-rendus de l’Académie des sciences. C.R. Palevol. tome 8, 8 (décembre 2009), 717-724 (doi:10.1016/j.crpv.2009.06.001)
Source : CNRS Chercheur – Nathalie Desse-Berset / Presse – Priscilla Dacher.
michelucci jean marie dit
que voulez vous réintroduire en France ????
des esturgeons numériques ????
vous avez tout détruit ,,,plus la peine d’essayer de sauver quoi que ce soit!!
et surtout,,
foutez leur la paix au canada!
faites pas les soi disant donneurs de leçons
remerçions les de pouvoir encore voir quelques poissons naturels
dans des lacs naturels
et encore faisons vite ,,, car bientot,,
on regardera les images sur pc !!!!