Prévention par médicaments, bioingénierie et hygiène de vie peuvent être combinées pour la qualité de vie des personnes âgées
Le vieillissement est un processus inéluctable. Celui-ci peut cependant être adouci par les récents progrès technologiques.
Pensons aux progrès fulgurants des implants biomédicaux. Les valves cardiaques, pace-makers, stents coronariens, prothèses orthopédiques, dentaires ou auditives améliorent significativement la qualité de vie des personnes âgées. Voire, pour certains implants, l’espérance de vie. Aujourd’hui près de 30% des personnes de plus de 70 ans en bénéficient dans les pays développés. Les progrès de la microtechnique, des matériaux et des technologies de l’information, associés à ceux de la chirurgie minimale invasive permettent de nouvelles applications et rendent accessibles ces implants à des personnes de plus en plus âgées.
Parallèlement, une meilleure compréhension des facteurs de risques des principales maladies liées à l’âge, telles que les affections cardio-vasculaires, le diabète, l’arthrose ou les maladies neurodégénératives (dont la maladie d’Alzheimer) devrait déboucher sur des stratégies de prévention médicamenteuse. Les anti-hypertenseurs ou les anti-lipémiants constituent un exemple convainquant d’une telle approche pour les maladies cardio-vasculaires.
Une alimentation équilibrée, un exercice physique régulier et une stimulation intellectuelle appropriée permettent de ralentir les méfaits du vieillissement. Les alicaments, ces aliments médicaments, devraient voir un développement important dans les années à venir, pour la prévention des maladies liées à l’âge.
Récemment les scientifiques ont entrepris le décryptage des bases génétiques du vieillissement. La compréhension des voies de signalisation moléculaire du vieillissement est un des sujets chauds de la science actuelle. Diverses études ont montré qu’une restriction calorique modérée permet d’augmenter la survie de diverses espèces allant de la levure au singe. Plusieurs molécules, dont le fameux resvératrol, semblent reproduire les effets de la restriction calorique. Cependant, ces données ont été récemment contestées par des chercheurs du domaine. L’élixir de jeunesse n’est donc pas pour demain. D’ici là, des vendeurs de rêve de tout genre vont proposer diverses poudres de perlimpinpin pour prolonger la vie. Au lieu d’écouter ces sirènes, essayons plutôt d’ajouter de la vie aux années et non des années à la vie. Une saine hygiène de vie associée à la bioingénierie, et à une prévention médicamenteuse, constitue actuellement la meilleure garantie de vivre de vieux jours heureux.
Patrick Aebischer Président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
Source: Le Temps
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