Reconnaître les relations entre les relations, c’est le propre de l’analogie. Que se cache-t-il derrière cette capacité ? Est-elle uniquement humaine ? Une étude menée par Joël Fagot du laboratoire de psychologie cognitive (CNRS/Université de Provence) et Roger Tompson du Franklin & Marshall College (États-Unis) démontre que les singes sont capables de faire des analogies. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Psychological Science.
Les deux chercheurs ont mené leur expérience auprès de 29 babouins (Papio papio) d’âges variables, pouvant librement effectuer l’exercice proposé (cela représente un grand nombre d’animaux pour ce type d’expérience). Dans un premier temps, les singes observaient deux formes géométriques sur un écran tactile, par exemple deux carrés. Après avoir touché l’une de ces formes, deux paires de formes apparaissaient sur l’écran, telles que : un triangle et une étoile pour la première paire, et deux ovales identiques pour la seconde paire. Pour réussir l’exercice et être récompensé, l’animal devait toucher la paire représentant la même relation (d’identité ou de différence) que la paire initiale (ici, les deux ovales). En d’autres termes, le singe devait détecter des relations entre relations, le propre de l’analogie. Après un apprentissage intensif de plusieurs milliers d’essais, 6 babouins ont répondu correctement à la tâche, démontrant ainsi une capacité à résoudre des problèmes d’analogie. Plus encore, les chercheurs ont suspendu la tâche pendant près d’un an avant de la proposer de nouveau aux babouins. Les singes ont réappris la tâche bien plus rapidement que lors des premiers entraînements, ce qui montre qu’ils se souviennent de la situation.
Ces travaux prouvent donc que l’analogie est possible sans langage. Mais à quoi cette compétence peut-elle servir chez l’animal ? Particulièrement utile au singe et adaptative, cette capacité pourrait notamment servir au transfert de connaissances d’un domaine à l’autre.
Références :
Generalized Relational Matching by Guinea Baboons (Papio papio) in two by two-item analogy problems – Roger K. R. Thompson et Joël Fagot, Psychological Science, 20 septembre 2011
Source : communiqué de presse du CNRS
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