L’ADN d’habitants d’Afrique australe, dont l’archevêque et prix Nobel de la paix Desmond Tutu, offre de nouvelles preuves surprenantes de la diversité des génomes humains sur le continent noir, souligne une étude publiée jeudi dans la revue américaine « Nature ».
Les chercheurs ont par exemple découvert qu’il existait entre des Bochimans (bushmen en anglais) des différences génétiques plus grandes qu’entre un Européen et un Asiatique. L’étude a également montré qu’il y a des différences génétiques aussi grandes entre un Bochiman et un Yoruba (ethnie du Nigeria), qu’entre un Européen et un Yoruba.
Les chercheurs ont aussi découvert 1,3 million de minuscules variations qui n’avaient jamais été observées auparavant dans l’ADN humain. Cette percée pourrait aider les chercheurs à identifier des gènes jouant un rôle dans l’apparition de certaines maladies, en Afrique et ailleurs.
« Si l’on veut vraiment comprendre la diversité humaine, il faut aller en Afrique (australe) et étudier ces personnes », a souligné Stephan Schuster, de l’université de Pennsylvanie, co-auteur de l’étude.
La diversité génétique de la population africaine n’est pas une surprise. L’homme moderne a évolué sur ce continent il y a environ 200.000 ans et c’est l’endroit de la planète où il a vécu le plus longtemps. Il a donc eu plus de temps pour développer des différences génétiques dans cette région du globe. Les environnements variés de l’Afrique ont également favorisé cette diversité.
Durant l’étude, les chercheurs ont décodé les génomes d’un Bochiman du désert du Kalahari et de Desmond Tutu, ancien chef de l’Eglise anglicane sud-africaine. Ils ont également décodé partiellement les génomes de trois autres Bochimans.
Mgr. Tutu a été inclus dans l’étude en raison de ses origines bantoues. Les Bantous pratiquent traditionnellement l’agriculture alors que les Bochimans sont adeptes de la chasse et de la cueillette et représentent la plus vieille lignée connue de l’homme moderne.
Lorsque les chercheurs ont examiné le génome de l’archevêque, ils ont eu la surprise de découvrir que sa mère comptait parmi ses ancêtres au moins une femme bochimane. Mgr. Tutu a déclaré à l’Associated Press que la découverte de ce lien de parenté avec « ce peuple sage » lui donnait le sentiment d’être « privilégié et béni ».
Malgré la découverte de nombreuses variations de l’ADN jusqu’ici inconnues dans le génome de Mgr. Tutu et surtout dans celui des Bochimans, les chercheurs rappellent que les génomes des êtres humains sont quasiment identiques. « Nous sommes tous très, très semblables les uns aux autres », souligne M. Schuster.
Autre auteur de l’étude, Richard Gibbs, de l’école de médecine de Baylor à Houston, souligne que les différences génétiques découvertes ne peuvent être utilisées pour soutenir des thèses racistes. Il note que la diversité de l’ADN humain est plus grande au sein d’un même continent qu’entre des continents différents.
La nouvelle étude constitue « un formidable point de départ » pour les études du génome humain en Afrique, estime Sarah Tishkoff, de l’université de Pennsylvanie. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux connaître la diversité génétique sur ce continent, ajoute-t-elle. AP
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Source : NouvelObs / AP
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