Une etude de Concordia etablit un lien entre la presence du pere et l’accroissement de l’intelligence et du bien-etre des enfants
Un père qui participe activement à l’éducation de ses enfants peut aider à les rendre plus intelligents et mieux éduqués, selon une nouvelle recherche de l’Université Concordia.
Publiée dans le Canadian Journal of Behavioural Science, l’étude à long terme examinait comment les pères peuvent influer positivement sur le développement de leurs enfants grâce à un parentage responsable. Un père présent dans sa famille tend à rendre ses enfants plus intelligents.
« Le père peut contribuer considérablement au fonctionnement comportemental et cognitif de ses enfants, explique Erin Pougnet, doctorante au Département de psychologie de Concordia et membre du Centre de recherche en développement humain. Comparativement à ceux qui vivent une absence paternelle, les jeunes dont le père est activement présent de la petite enfance au milieu de l’enfance — même s’ils sont issus d’une famille socioéconomiquement à risque — grandissent avec moins de problèmes comportementaux et de meilleures aptitudes intellectuelles. »
L’influence patriarcale
« Qu’un père vive avec ses enfants ou non, c’est sa capacité à fixer les limites appropriées et à structurer le comportement de sa progéniture qui facilite la résolution des difficultés et atténue les problèmes émotionnels tels que la tristesse, le retrait social et l’anxiété », poursuit Mme Pougnet.
Aux fins de l’étude, 138 enfants et leurs parents ont été observés au cours de trois séances distinctes. Les jeunes ont été évalués entre trois et cinq ans, puis entre neuf et treize ans. Ils ont passé des tests d’intelligence tandis que leur mère remplissait des questionnaires sur l’environnement familial et les conflits de couple. Tous les enfants ont été sélectionnés dans le cadre d’une vaste enquête longitudinale et intergénérationnelle sur les risques, lancée en 1976 (Concordia Longitudinal Risk Research Project).
Des instituteurs ont également été recrutés afin d’examiner le comportement des jeunes hors du foyer. « Ces enseignants représentaient en quelque sorte une source d’informations plus indépendante que la maman, le papa ou les enfants mêmes, explique Mme Pougnet, car l’absence du père peut entraîner des conflits à la maison ainsi qu’une détresse tant chez la mère que chez l’enfant. »
Un impact accru chez les filles
Selon l’étude, les petites filles sont les plus affectées par l’absence de leur père. Les chercheurs précisent toutefois que cette absence peut causer d’autres problèmes, comme un manque de soutien ou de discipline. « Les filles dont le père était absent durant le milieu de leur enfance présentent clairement davantage de difficultés émotionnelles à l’école que celles dont le père était présent », souligne Mme Pougnet.
Les mamans et les gardiennes, tout aussi importantes
Selon les données de Statistique Canada en 2007, le pays compte de plus en plus de familles monoparentales. L’organisme estime que quelque 13 % de familles canadiennes et 22 % de familles québécoises sont composées de ménages dont le père biologique est absent.
« Même si notre étude a examiné le rôle important des pères dans le développement de leurs enfants, ces derniers ne s’en sortent pas nécessairement mal sans père », indique Lisa A. Serbin, coauteure de l’étude, professeure au Département de psychologie de Concordia et également membre du Centre de recherche en développement humain. « Les mères et autres gardiennes sont également importantes. Il ne fait aucun doute que le père joue un rôle majeur, mais il existe certainement de nombreuses autres manières d’élever un enfant en santé. Certains jeunes dont le père est absent ou distant s’en sortent bien intellectuellement et émotionnellement. »
Ces découvertes, cependant, devraient pousser les gouvernements à élaborer des politiques qui favorisent les contacts positifs entre l’enfant et le père. « Les initiatives pour les pères, telles que le congé parental et les cours sur le rôle parental, pourraient aider à maximiser le développement des jeunes, de la petite enfance à la préadolescence », conclut Mme Serbin.
Source : Sylvain-Jacques Desjardins – Université Concordia
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